
Chouaib Sahnoun
Un habitant de Larache se retrouve face à une équation pour le moins déroutante : payer plus d’un demi-million de dirhams… ou rester marié malgré lui. Le tribunal a en effet assorti sa demande de divorce d’une condition suspensive jugée par beaucoup comme excessivement lourde, transformant une séparation conjugale en une véritable épreuve financière.
Un ultimatum judiciaire qui interroge.
Rendu fin novembre, le jugement ne laisse aucune marge d’interprétation. Pour que le divorce soit officiellement prononcé, l’époux doit déposer la somme exacte de 516 000 dirhams au greffe. À défaut, la justice considérera cela comme un abandon pur et simple de la procédure, maintenant automatiquement le mariage , une disposition qui soulève des questions éthiques et juridiques sur la liberté individuelle et l’égalité devant la justice.
Une facture astronomique.
Selon des sources proches , le détail des montants a de quoi faire vaciller n’importe quel budget. 500 000 DH sont alloués à l’épouse au titre du Mout’a, don de consolation prévu par la loi. 4 000 DH sont réservés au logement durant la période de viduité.
À cela s’ajoute la pension alimentaire pour les deux enfants, soit 12 000 DH pour la période transitoire, un total de 16 500 DH pour leur prise en charge complète.
Si la protection des droits de l’épouse et des enfants est un principe fondamental, le caractère disproportionné de la somme interpelle une partie de l’opinion publique, notamment au regard du niveau de vie moyen dans la région.
Une médiation vouée à l’échec
L’affaire trouve son origine en septembre, lorsque le mari initie une procédure de divorce, invoquant l’impossibilité de poursuivre la vie commune après dix ans de mariage. Deux audiences de conciliation sont organisées, sans succès. Constatant la rupture définitive du lien conjugal, le juge applique les articles 83 et 94 du Code de la famille, lesquels imposent de régler les droits financiers avant toute dissolution.
Mais si la loi encadre effectivement ce processus, la sévérité du jugement nourrit un débat national :
*La justice protège-t-elle ou punit-elle ?
*Le montant fixé reste-t-il raisonnable et proportionné ?
*Ne risque-t-on pas de transformer le divorce en luxe inaccessible pour certains citoyens ?
Ce cas, désormais très commenté, relance la discussion sur la réforme urgente du Code de la famille, notamment sur la question du Mout’a, des pensions et des mécanismes de conciliation.




