Chouaib Sahnoun
Sous la pression de la rue et de la Génération Z, Aziz Akhannouch, Premier ministre et magnat des affaires, voit son pouvoir vaciller. L’homme, longtemps intouchable, incarne aujourd’hui la déconnexion d’une élite économique devenue sourde aux colères populaires.
Le Maroc traverse une séquence politique inédite. Depuis plusieurs semaines, la jeunesse du pays, portée par le mouvement GenZ212, occupe la rue pour exiger des changements profonds , et la démission du chef du gouvernement en tête de liste.
La question est désormais sur toutes les lèvres : Akhannouch partira-t-il ? Ou choisira-t-il de s’accrocher à son fauteuil comme un naufragé à sa planche ?
Un léger apaisement se fait sentir depuis hier, mais rien n’indique que la tempête soit passée. Car c’est bien la figure d’Akhannouch, milliardaire et chef du RNI, qui cristallise le rejet d’un modèle politique jugé arrogant et inefficace.
Homme d’affaires prospère, propriétaire d’un empire économique, Akhannouch a toujours cultivé l’image d’un gestionnaire moderne et pragmatique. Mais son profil de milliardaire à la tête du gouvernement finit par symboliser tout ce que les jeunes dénoncent : la concentration du pouvoir entre les mains d’une élite hors sol, déconnectée des réalités du Maroc profond.
« Il a confondu la gestion du pays avec celle d’un holding privé », lâche un jeune manifestant rencontré à Casablanca.
Son style technocratique, son absence d’écoute, et son incapacité à parler le langage du peuple ont achevé de creuser le fossé.
Les promesses de campagne, plus d’emplois, une santé accessible, une école publique rénovée,se sont dissoutes dans une communication clinquante et une gestion perçue comme hautaine.
Les jeunes de la Génération Z, ultra-connectés, n’acceptent plus les discours figés ni les réformes cosmétiques.
Ils réclament des comptes, de la transparence, et surtout, de la dignité. Pour eux, Akhannouch n’est pas seulement un Premier ministre en difficulté : il est le visage d’un système verrouillé, d’un pouvoir économique et politique qui se protège lui-même.
« Ce n’est pas juste Akhannouch. C’est tout un mode de gouvernance qu’on rejette », explique une étudiante en droit à Rabat.
Leur message est clair : plus personne ne croit à un modèle où les fortunes explosent pendant que les services publics s’effondrent.
À quelques jours du discours royal d’ouverture de la session parlementaire, les regards se tournent vers le Palais.
Le Roi Mohammed VI, seul habilité à trancher le sort du gouvernement, n’a pas encore parlé. Mais dans les coulisses, beaucoup estiment qu’Akhannouch ne peut plus gouverner comme avant.
Descendu de son piédestal, il voit son avenir politique s’assombrir à vue d’œil. Celui qui rêvait de reconduire sa majorité et de consolider la première place de son parti, doit désormais composer avec une opinion publique qui le rejette massivement.
Ses partisans parlent d’une « injustice », ses adversaires d’un « juste retour des choses ».
Face à l’ampleur du désaveu, le chef du gouvernement gagnerait à reconnaître ses échecs.
Présenter des excuses, assumer la déception qu’il a suscitée, et quitter la scène politique la tête haute, voilà ce que réclame aujourd’hui une partie de la société civile.
Mais l’homme est connu pour son orgueil et son obstination. S’il persiste à ignorer les signaux, le risque est grand de voir la crise s’envenimer et sa chute devenir inévitable.
« L’histoire retiendra moins son nom que son arrogance », commente un analyste politique. « Celle d’un oligarque persuadé que la fortune pouvait tout acheter , même le silence d’un peuple. »
Akhannouch, l’homme d’affaires devenu Premier ministre, pensait incarner la réussite d’un Maroc moderne.
Il est aujourd’hui le symbole de son essoufflement.
Dans ce pays où les colères longtemps contenues éclatent enfin, la leçon est claire : aucun pouvoir, aussi riche ou puissant soit-il, n’est éternel quand il oublie le peuple.
Akhannouch, le milliardaire vacillant : fin de règne pour un oligarque hors sol
