Quand les jeunes athlètes tournent le dos à un pays sans horizon

9 أكتوبر 2025
Quand les jeunes athlètes tournent le dos à un pays sans horizon

Chouaib Sahnoun
Sept jeunes joueurs de handball marocains ont choisi l’exil plutôt que l’espoir factice d’un avenir dans leur propre pays. Profitant de compétitions internationales en Pologne et en Italie, ces sportifs ont pris la fuite, non pas par honte de leur maillot, mais par désespoir d’un système qui ne leur laisse ni voie ni voix. Leur disparition n’est pas un incident isolé : c’est le symbole d’une génération brisée, d’un rêve national trahi par ses propres décideurs.
À Rabat, on parle de “scandale sportif et diplomatique”. Les ministères s’agitent, annoncent des enquêtes, promettent un “suivi renforcé” des athlètes. Mais derrière la rhétorique administrative, une vérité nue se dévoile : ce ne sont pas des jeunes qui ont fui le drapeau, ce sont des citoyens qui ont fui la résignation.
Quand un jeune champion préfère disparaître à Varsovie plutôt que de rentrer à Casablanca, ce n’est pas une trahison : c’est une sentence contre un pays qui ne lui offre rien d’autre que le chômage, le népotisme et le mépris.
Le Haut-Commissariat au Plan l’admet : le chômage des 15-24 ans atteint 36,7 %. Derrière ce chiffre, des milliers de trajectoires avortées. Le sport, censé être un tremplin social, se transforme en mirage. Les talents émergent dans des clubs sans moyens, dans des villes sans infrastructures, sous l’œil d’une bureaucratie indifférente et de fédérations rongées par les réseaux d’intérêts.
Les décideurs se félicitent de “l’émergence sportive du Maroc”, mais ferment les yeux sur le désespoir de ceux qui portent le maillot national pour mieux fuir la misère nationale.
La fuite de ces athlètes illustre une fracture profonde : celle entre une jeunesse lucide, connectée au monde, et une élite politique enfermée dans ses privilèges.
Tandis que les responsables multiplient les discours creux sur “le nouveau modèle de développement”, les jeunes, eux, développent leur propre modèle : partir, coûte que coûte.
L’Europe devient l’horizon du possible ; le Maroc, celui du blocage.
Il est frappant de voir à quelle vitesse les autorités se mobilisent lorsqu’un joueur s’enfuit… alors que le silence règne quand des milliers de diplômés chôment, quand des jeunes entrepreneurs étouffent sous les taxes, ou quand les artistes, chercheurs et professeurs quittent le pays dans l’anonymat le plus total.
Ce “scandale sportif” révèle surtout un scandale politique : celui d’un pouvoir qui ne comprend plus sa jeunesse, qui ne l’écoute pas, et qui ne la mérite plus.
Quand un pays en vient à redouter la fuite de ses meilleurs jeunes plutôt que de se demander pourquoi ils fuient, il a déjà perdu bien plus qu’un match. Il a perdu la confiance, la fierté, l’avenir.
Et tant que ceux qui dirigent continueront à s’auto-féliciter dans les tribunes du pouvoir, les stades, eux, continueront de se vider,pas seulement de joueurs, mais de rêves.

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