Chouaib Sahnoun
Après la tempête sociale, la riposte économique. Le collectif GenZ 212, fer de lance d’une jeunesse marocaine connectée, révoltée et consciente de ses droits, redéfinit son terrain de lutte. Son nouvel ennemi n’est plus seulement politique : c’est l’empire économique d’Aziz Akhannouch, chef du gouvernement et milliardaire controversé.
Sous le slogan percutant (Boycott économique pour la justice), la génération Z marocaine appelle à frapper là où ça fait mal : le portefeuille.
Sur les réseaux sociaux — X, Instagram, TikTok — une affiche devenue virale dresse la liste des entreprises liées au magnat : Afriquia Gaz, Akwa, Oasis Café, Mini Brahim, Aspen, Oxygen, Yan & One, Aksal Group, Fairmont Hotel, Aujourd’hui Le Maroc, Lavie Éco, entre autres.
Le message est clair, presque provocateur :
« Voici quelques-unes des sociétés et investissements d’Akhannouch. Boycottez-les et voyons le résultat. »
Cette offensive numérique rappelle la campagne de boycott de 2018, qui avait déjà ébranlé plusieurs grands groupes, Afriquia, Centrale Danone, Sidi Ali et plongé le pays dans une crise économique et politique sans précédent.
La question brûlante demeure : le scénario se répétera-t-il ?
Depuis le 27 septembre, GenZ 212 multiplie les manifestations dans les grandes villes du royaume. L’étincelle ? Un drame sanitaire : la mort de huit femmes enceintes à l’hôpital public d’Agadir, faute de soins adéquats.
Ce tragique événement a cristallisé un ras-le-bol généralisé face à la misère des services publics, au chômage endémique, et à l’arrogance perçue d’une élite politique déconnectée.
Le mouvement a pris une ampleur inédite : trois morts, plus de 400 blessés, des pillages sporadiques, des incendies isolés. Des scènes que le Maroc n’avait pas connues depuis le Printemps arabe de 2011 ,ni même depuis les manifestations du Rif en 2016.
La double casquette d’Akhannouch, à la fois homme d’affaires tentaculaire et chef du gouvernement, cristallise les critiques.
Ses adversaires l’accusent de confondre pouvoir politique et intérêts privés, de protéger ses propres sociétés au détriment de la concurrence et du citoyen.
Cette nouvelle vague de contestation ne s’attaque pas seulement à l’homme politique, mais à l’oligarque,celui que beaucoup perçoivent comme au-dessus des lois, intouchable, arrogant.
GenZ 212, elle, veut briser ce mythe.
Son boycott se veut pacifique mais radical, une réappropriation du pouvoir économique par les consommateurs eux-mêmes.
Un symbole fort : refuser de nourrir un système jugé injuste.
Si le mouvement se poursuit, il pourrait bien devenir le révélateur d’une fracture profonde entre une jeunesse en quête de dignité et un pouvoir figé dans ses privilèges.
Entre la rue et l’empire Akhannouch, la confrontation s’annonce longue, tendue, mais peut-être historique.
Le Maroc de 2025 ressemble étrangement à celui de 2018,à une différence près : cette fois, la jeunesse n’a plus peur.
L’oligarque intouchable face à la colère d’une génération : GenZ 212 déclare la guerre économique à Akhannouch
