Chouaib Sahnoun
Le fléau s’installe en silence, à deux pas des salles de classe. Aux abords des établissements scolaires, la présence de drogues n’est plus une rumeur, mais une réalité désormais palpable. Depuis plusieurs années, parents, enseignants et acteurs de la société civile tirent la sonnette d’alarme. L’inquiétude grandit face à une jeunesse exposée, parfois dès le collège, à des substances qui brisent les destins avant même qu’ils ne s’écrivent.
Dans un communiqué au ton grave, l’Organisation nationale des droits de l’Homme, de lutte contre la corruption et de protection des biens publics a exprimé sa « profonde préoccupation » devant la propagation inquiétante de la consommation de drogues, psychotropes, alcool, stupéfiants, chez les enfants, les adolescentes et les jeunes garçons.
Une dérive qui, selon elle, met en péril « la vie et l’avenir d’une génération appelée à porter les espoirs du pays ».
« Ce fléau a déjà coûté la vie à de nombreuses victimes innocentes et conduit des milliers de jeunes derrière les barreaux, pour des délits commis sous l’effet de ces substances. Véritable hémorragie sociale, il plonge les familles dans la douleur et le désespoir », alerte l’organisation.
La dépendance juvénile n’est plus une question marginale : elle révèle un échec collectif. Pour l’organisation, la lutte contre ce phénomène ne peut plus se contenter d’opérations ponctuelles ou de discours moralisateurs. Elle appelle à une mobilisation nationale impliquant l’État, les institutions éducatives, la société civile, les milieux religieux et, surtout, les familles.
Elle demande à l’État de renforcer l’arsenal législatif, d’appliquer des sanctions réellement dissuasives contre les trafiquants, et de contrôler les circuits d’approvisionnement dès leur source. En parallèle, des programmes de prévention ciblés doivent être déployés en priorité auprès des jeunes les plus vulnérables.
Les services de sécurité sont invités à intensifier leurs opérations, à couper les routes de la contrebande et à démanteler les réseaux criminels.
Les associations et ONG doivent redoubler d’efforts pour sensibiliser et accompagner les jeunes en rupture.
Les prédicateurs et figures religieuses, de leur côté, sont encouragés à inclure dans leurs prêches des messages clairs sur les dangers de la drogue, dans une démarche de prévention éthique et communautaire.
Mais c’est avant tout l’école et la famille qui restent les remparts essentiels.
L’école, parce qu’elle doit redevenir un lieu de transmission de valeurs, d’esprit critique et de résilience.
La famille, parce qu’elle demeure la première vigie : celle qui éduque, surveille, soutient et protège.
Face à cette menace qui sape les fondements mêmes du tissu social, l’organisation appelle à une mobilisation urgente et coordonnée de toutes les forces vives. Elle préconise le lancement de campagnes nationales massives de sensibilisation, la réinsertion des jeunes en difficulté, et le renforcement du rôle éducatif et protecteur de la famille.
Au-delà des chiffres et des constats, une évidence s’impose : la bataille contre la drogue ne se gagnera pas seulement par la répression, mais par la reconstruction d’un lien de confiance et de responsabilité entre l’État, l’école et la famille. Car c’est l’avenir d’une génération qui se joue ,là, aux portes de nos écoles et donc du pays tout entier,
Drogues à la porte des écoles : l’enfance assiégée, l’État interpellé
