Chouaib Sahnoun
Alors que les élections législatives sont encore à un an, certains membres de l’exécutif marocain semblent déjà en campagne. Loin des bilans tangibles, ils préfèrent brandir des promesses spectaculaires aux relents électoralistes. À commencer par la ministre de l’Économie et des Finances, Nadia Fettah Alaoui, qui a récemment affirmé, sans ciller, que l’organisation de la Coupe du monde 2030 créerait 100 000 emplois par an jusqu’à sa tenue. Une déclaration qui frise l’irresponsabilité, tant elle repose sur du sable mouvant plutôt que sur une analyse rigoureuse.
Même les experts les plus optimistes n’oseraient avancer de telles prévisions sans fondement. Mais dans l’univers parallèle du gouvernement Akhannouch, les chiffres semblent avoir été déconnectés des réalités sociales, économiques et humaines du pays. Il faut bien entretenir l’illusion d’un avenir radieux , même si c’est au prix d’une désinformation qui frustre un peu plus chaque jour une population en quête de réponses concrètes à ses difficultés quotidiennes.
Car derrière ces effets d’annonce, le contraste est frappant. Le gouvernement peine à atteindre ses objectifs en matière de création d’emplois. Les jeunes diplômés, les chômeurs des zones rurales, les travailleurs précaires… tous attendent des mesures réelles et efficaces, pas des promesses à horizon de cinq ans, liées à un événement sportif international. La pauvreté persiste, les inégalités s’accentuent, et le pouvoir d’achat continue de s’effriter. Pendant ce temps, les ministres préfèrent capitaliser sur le Mondial 2030 comme s’il s’agissait d’un programme politique en soi.
À chaque intervention, l’événement devient l’alibi parfait : Mondial par-ci, Mondial par-là… Et voilà qu’on nous fait croire que seul le maintien de cette majorité au pouvoir garantirait la réussite de la fête planétaire. Une rhétorique simpliste, presque infantilisante, qui insulte l’intelligence des citoyens.
Il est temps d’en finir avec cette fiction dangereuse. Le Maroc ne peut pas se contenter d’un « gouvernement du Mondial » dont l’ambition principale semble être sa propre reconduction. Le pays a besoin d’un gouvernement du quotidien, à l’écoute des Marocains, soucieux du présent autant que de l’avenir.
Les élections de 2026 doivent permettre un débat sincère, basé sur des programmes crédibles, et non sur des mirages géopolitiques. Car le rôle d’un gouvernement, ce n’est pas de vendre du rêve. C’est de bâtir des réalités.
