Chouaib Sahnoun
Le président algérien Abdelmadjid Tebboune s’illustre régulièrement par des déclarations qui frisent le burlesque, multipliant des interventions surréalistes sur les réseaux sociaux. Son obsession persistante envers le Maroc y occupe une place centrale, offrant des moments qui évoquent davantage un one-man-show qu’une communication présidentielle
À chacune de ses apparitions médiatiques, Tebboune semble incapable de structurer ses idées, livrant des discours décousus où s’entremêlent sujets improbables et accusations fantaisistes. Il peut ainsi évoquer, dans une même tirade inachevée, le prix du lait, la production d’huile, le changement climatique qu’il impute au Maroc supposé manipuler les nuages , le complot sioniste, ou encore les revendications historiques sur le zellige et le caftan. Même la Coupe du monde de football de 2100, selon lui, devrait se tenir dans le désert algérien.
Ce style atypique ne s’arrête pas aux discours publics. Lors de rencontres internationales, Tebboune s’accapare ses interlocuteurs, les noyant sous un flot de paroles. Une scène marquante fut celle où Emmanuel Macron dut l’interrompre pour une photo officielle, alors qu’il accaparait le président des Émirats arabes unis. Cette attitude a même donné lieu à des plaisanteries dans les cercles diplomatiques : mieux vaut éviter de croiser Tebboune, au risque de subir un interminable monologue.
Mais ce qui amuse le plus reste ses annonces économiques improbables. Tebboune se vante ainsi d’exportations agricoles massives alors que l’Algérie ne produit pas suffisamment pour répondre à sa propre demande. Récemment, il a affirmé que son pays exporterait bientôt du lait et du fromage en Europe, rivalisant avec des producteurs historiques comme la France et la Suisse. Il a également promis des exportations de fruits exotiques comme l’ananas et le kiwi… que l’Algérie ne cultive pas.
Par ailleurs, Tebboune semble fier des habitudes alimentaires locales. Il affirme que les Algériens sont les plus grands consommateurs de lentilles au Maghreb, un exploit qu’il présente comme une preuve de prospérité. Pour lui, ces légumineuses, accompagnées de fèves et d’autres féculents, suffisent à garantir la stabilité sociale, éclipsant les mouvements de contestation.
En revanche, les libertés individuelles, elles, sont sévèrement réprimées. Les rares voix dissidentes, qu’elles soient issues des milieux intellectuels ou des simples citoyens, sont étouffées par une répression brutale digne des heures sombres du KGB.
En somme, sous Tebboune, l’Algérie oscille entre absurde et tragique. Si le président excelle dans l’art de divertir, ses performances masquent mal une réalité socio-économique désastreuse. Pour le peuple algérien, le “spectacle” semble loin d’être terminé.
