Chouaib Sahnoun
Le 22 juillet 2024, le Haut-Commissariat au Plan (HCP) a publié l’Indice des prix à la consommation (IPC) pour juin 2024, révélant un choc inflationniste inquiétant, précurseur d’une crise sociale silencieuse. Selon le rapport, comparé à juin 2023, l’IPC a augmenté de 1,8% en juin 2024, en raison d’une hausse de 1,7% des prix des produits alimentaires et de 1,9% des produits non alimentaires. Les produits non alimentaires ont connu une augmentation notable, avec une hausse de 3,7% pour les “Logements, eau, gaz, électricité et autres combustibles” sur un an
Pour ceux peu familiers avec les chiffres, ces taux indiquent une hausse alarmante et généralisée des prix. L’indicateur d’inflation sous-jacente, qui exclut les produits à prix volatiles et les produits à tarifs publics, a augmenté de 2,4% sur un an. Cet indice, bien qu’il ne reflète pas complètement la perte du pouvoir d’achat des marocains, est en hausse. « Cet indice, lorsqu’il est utilisé pour évaluer l’inflation, devrait être accompagné d’une redistribution des richesses. Cependant, au Maroc, l’État a supprimé les subventions sur les hydrocarbures et d’autres produits essentiels, impactant ainsi le quotidien des familles », explique un économiste et professeur à l’Université Hassan II à Casablanca
Cette inflation se traduit directement par une diminution continue du pouvoir d’achat des ménages. Elle n’est pas due à une augmentation de la demande, mais à une hausse des prix supérieure à celle des revenus des citoyens et des ménages. Dans son rapport de mai 2024, le HCP souligne une nette érosion du pouvoir d’achat par habitant. Il ajoute que les catégories sociales aisées, disposant de plus de ressources, peuvent reporter leurs achats ou se tourner vers des produits moins coûteux, flexibilité qui manque aux moins aisés. La classe moyenne est écrasée sous le poids des impôts et des taxes
Alors que les prix montent en flèche sans mesures efficaces pour les contenir, la fiscalité augmente, les revenus stagnent et le chômage s’aggrave. Les efforts du gouvernement pour lutter contre la spéculation et la hausse injustifiée des prix restent vains. La situation est critique : une hausse générale des prix ne peut être supportée par des familles dont les salaires stagnent, nécessitant des augmentations de salaire pour suivre l’évolution du
coût de la vie. Sinon, c’est une véritable bombe à retardement qui pourrait entraîner de graves conséquences