Aït Bouguemez se soulève : le murmure d’une vallée oubliée devient cri de colère

15 يوليو 2025
Aït Bouguemez se soulève : le murmure d’une vallée oubliée devient cri de colère

 

Chouaib Sahnoun
Dans la « Vallée heureuse » d’Aït Bouguemez, nichée au cœur du Haut Atlas, la colère gronde. Ce havre de paix, prisé pour sa beauté naturelle et son hospitalité légendaire, est aujourd’hui le théâtre d’une mobilisation populaire d’envergure. Plus d’un millier d’habitants ont défilé pacifiquement pour dénoncer des décennies de marginalisation et de retard de développement. Leur marche n’était ni politique ni idéologique, mais portée par un cri collectif : celui de revendications sociales élémentaires, restées lettre morte depuis trop longtemps.
Première revendication et non des moindres : la présence d’un médecin permanent au centre de santé local, aujourd’hui limité à de simples infirmiers. En cas d’urgence, les habitants doivent parcourir des dizaines de kilomètres pour accéder aux soins les plus élémentaires , une aberration dans un pays qui se targue de moderniser son système de santé.
Les infrastructures routières sont également dans un état alarmant. La route régionale 302 reliant Aït Bouguemez à Tizi N’Terghist, ainsi que la route 317 d’Aït Abbas, sont souvent impraticables en hiver, coupant la région du reste du pays pendant de longues semaines.
À l’heure du numérique, certaines zones de la vallée ne disposent toujours pas d’une couverture téléphonique ou Internet fiable. Pour les jeunes, l’absence d’un terrain de sport et de structures culturelles accroît un sentiment d’abandon. Les habitants demandent aussi la création d’un centre de formation aux métiers de la montagne, un projet pertinent pour une région qui pourrait vivre du tourisme écologique et sportif, mais qui reste sous-exploitée.
Autre demande cruciale : la création d’une école communautaire pour lutter contre le décrochage scolaire, fléau silencieux des zones enclavées. Sans oublier la construction de petits barrages pour prévenir les inondations saisonnières, régulièrement dévastatrices.
Dans cette vallée, le développement est freiné par l’absence d’un plan d’aménagement du territoire adapté à la topographie locale. Les habitants, faute de permis de construire, ne peuvent agrandir ou bâtir leurs maisons. Une entrave à leur dignité, à leur droit fondamental à un logement décent.
Cette marche pacifique est un désaveu clair des discours triomphants du chef du gouvernement, qui s’enorgueillit régulièrement des prétendus progrès réalisés, notamment devant le Parlement ou lors des rassemblements électoraux du RNI. À Aït Bouguemez, le quotidien contredit brutalement ces déclarations.
Cette mobilisation traduit un profond malaise social : les promesses électorales non tenues, les élus locaux absents ou inefficaces, et la tentation permanente du pouvoir de privilégier une réponse sécuritaire plutôt qu’une écoute sincère et une action concrète.
Le spectre du Hirak plane

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