Route fantôme à 4 millions près de Tanger : quand l’argent public s’évapore sous la pluie

منذ ساعتين
Route fantôme à 4 millions près de Tanger : quand l’argent public s’évapore sous la pluie

Chouaib Sahnoun
Il n’aura fallu qu’un seul hiver pour dévoiler l’imposture. À peine inaugurée, une route neuve située dans la périphérie de Tanger s’est effondrée sous les premières pluies, laissant derrière elle un paysage de fissures béantes, d’affaissements inquiétants et de glissements de terrain. Un chantier présenté en grande pompe comme un symbole de modernité, facturé 4 millions de dirhams, et pourtant incapable de résister à l’épreuve la plus banale et la plus prévisible dans la région : la saison hivernale.
Sur le terrain, le constat est accablant et sans appel. Aucun système de drainage digne de ce nom, absence de caniveaux, protections latérales inexistantes, études techniques visiblement bâclées. L’eau stagne, s’infiltre, fragilise la structure, puis fait son œuvre destructrice. Résultat : une infrastructure censée durer des décennies se désagrège en quelques semaines. Et comme toujours, c’est le contribuable qui se retrouve sommé de payer une seconde fois pour réparer ce qui n’aurait jamais dû céder.
Plus grave encore, l’enquête menée par une commission relevant de la wilaya a mis au jour une aberration révélatrice d’un système malade : un simple supplément de 500.000 dirhams, une somme dérisoire au regard du budget global ,aurait suffi pour doter la route des équipements de drainage indispensables. Pourquoi cette dépense essentielle a-t-elle été écartée ? Négligence ? Incompétence ? Ou plutôt une pratique bien connue, devenue presque banale : sacrifier la qualité pour maximiser les marges, quitte à revenir plus tard avec de nouveaux marchés de “réhabilitation” tout aussi lucratifs.
Des sources techniques pointent également des études initiales déficientes : relief sous-évalué, nature des sols mal analysée, risques d’érosion traités avec une légèreté coupable. Ces manquements ne relèvent pas de simples erreurs administratives. Ils constituent une mise en danger directe des usagers, une violation flagrante des règles de l’art, et surtout une dilapidation caractérisée des deniers publics.
Ce scandale ne peut, et ne doit pas, rejoindre la longue liste des affaires enterrées dans les tiroirs de l’administration. Il appelle des décisions fermes et immédiates : établir clairement les responsabilités, sanctionner les décideurs et les exécutants, imposer la réparation aux frais des fautifs, et rompre définitivement avec la culture du laisser-aller. Car la vraie question demeure, lancinante : qui protège réellement l’argent public, lorsque des infrastructures financées à coups de millions s’effondrent au premier obstacle naturel ?
Il est temps que l’État mette fin à cette impunité institutionnalisée. Les entreprises, bureaux d’études et responsables qui trichent, bâclent ou contournent les normes doivent être exclus durablement des marchés publics. Une liste noire s’impose, au nom de la transparence, de la sécurité et du respect du citoyen. Le contribuable n’a pas vocation à financer l’enrichissement d’une minorité qui prospère sur la corruption, l’approximation et l’absence de reddition des comptes.
Car à force de fermer les yeux, ce ne sont pas seulement des routes qui s’effondrent, mais la confiance dans l’action publique elle-même.

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