Chouaib Sahnoun
En Europe, où la tendance est à l’allongement de la vie professionnelle, l’Italie fait figure d’exception. Le gouvernement de Giorgia Meloni envisage de stopper net la hausse progressive de l’âge légal de départ à la retraite, actuellement fixé à 67 ans, l’un des plus élevés du continent
Depuis 2011, l’âge de la retraite en Italie est indexé sur l’espérance de vie, avec une révision tous les deux ans. Selon ce mécanisme, il aurait dû grimper jusqu’à près de 70 ans d’ici 2050. Mais face à la pression syndicale et à la crainte d’un rejet social massif, Rome s’apprête à dire « stop » à ce calendrier
Claudio Durigon, secrétaire d’État au Travail et membre de la Lega, dénonce une règle brutale pour les travailleurs. Même le ministre des Finances, Giancarlo Giorgetti, s’est dit ouvert à une suspension du relèvement automatique jusqu’en 2029, tout en prévenant que la décision dépendra de la situation budgétaire
Car le pari est risqué : avec une dette publique qui frôle déjà 135 % du PIB et une démographie en berne (1,2 enfant par femme, l’un des taux de fécondité les plus faibles d’Europe), abandonner le mécanisme pourrait aggraver la fragilité financière du pays. Selon des projections, cette décision pourrait faire gonfler la dette jusqu’à 139 % du PIB dès 2031
« Supprimer ce lien avec l’espérance de vie serait une erreur aux conséquences dramatiques pour les finances publiques », alerte Tito Boeri, ancien président de l’Istat
Entre impératif social et discipline budgétaire, l’Italie s’engage dans un bras de fer qui pourrait devenir explosif