Chouaib Sahnoun
Le feuilleton judiciaire de l’affaire dite « Escobar du désert » semble s’éterniser dans les couloirs de la Cour d’appel de Casablanca. Chaque audience apporte son lot de rebondissements, de demandes de report et d’absences remarquées, donnant à ce procès l’allure d’une interminable attente plutôt que d’une avancée vers la vérité
La chanteuse marocaine Latifa Raafat, convoquée en tant que témoin, a répondu présente à l’appel de la chambre criminelle de première instance. Drapée dans un tailleur marron, elle s’est présentée devant le jury dans la salle n° 8 de la Cour. Une présence symbolique, qui contraste avec l’absence persistante d’autres témoins clés, comme l’ex-épouse d’Abdenbi Bioui, introuvable faute d’adresse
Pendant ce temps, les avocats des principaux accusés , Abdenbi Bioui, ex-président de la région de l’Oriental, et Saïd Naciri, ancien patron du Wydad de Casablanca , multiplient les demandes de report. Bioui, hospitalisé après une opération chirurgicale, est décrit par sa défense comme victime des circonstances, et non comme un acteur de manœuvres dilatoires. Quant aux avocats de Naciri, ils insistent sur le caractère indispensable des témoignages manquants pour garantir un procès équitable
Mais face à cette avalanche d’arguments, le ministère public reste ferme : il n’est pas question de transformer la procédure en une succession sans fin de reports. Pour lui, les auditions peuvent se poursuivre, du moins pour les témoins dont les déclarations ne concernent pas directement Bioui
Or, cette lenteur judiciaire finit par susciter un sentiment d’agacement au sein de l’opinion publique. Combien de temps faudra-t-il encore avant que la justice tranche ? L’affaire, qui implique des personnalités publiques et renvoie à des réseaux de trafic d’envergure internationale, devrait être menée avec célérité et rigueur. Au lieu de cela, elle se heurte à une succession de blocages, donnant l’impression que la justice marocaine manque de fermeté face aux pressions et aux intérêts croisés
Ce procès, censé être exemplaire dans la lutte contre le crime organisé et la corruption, risque de devenir un symbole de lenteur et d’inefficacité judiciaire. Or, dans un pays qui clame vouloir moderniser son système judiciaire, chaque tergiversation affaiblit la confiance des citoyens et nourrit l’idée d’une justice à deux vitesses : rapide et implacable pour les faibles, lente et accommodante pour les puissants
