Chouaib Sahnoun
Dans une décision aussi audacieuse que controversée, le ministère de l’Éducation nationale, du Préscolaire et des Sports a annoncé l’ouverture des établissements scolaires à des élèves ayant été définitivement exclus du système éducatif. Ces jeunes, dont l’âge varie entre 17 et 22 ans, pourront désormais reprendre leur scolarité dans le secondaire collégial ou qualifiant, malgré une interruption parfois longue de leur parcours
Cette initiative vise à donner une seconde chance à des milliers de jeunes marocains qui, pour diverses raisons ,échec scolaire, comportements inadaptés, ou circonstances sociales ,ont été poussés hors des bancs de l’école. Le ministère espère ainsi réduire le phénomène de déscolarisation chronique qui menace la cohésion sociale et l’avenir de toute une génération
Mais sur le terrain, l’inquiétude monte chez les enseignants et les équipes éducatives, qui redoutent des tensions en classe. « Certains de ces jeunes sont plus âgés que leurs futurs camarades de classe, ce qui pourrait créer un déséquilibre », confie un professeur de lycée. D’autres craignent des problèmes de discipline ou une remise en cause du climat scolaire
Pour encadrer cette décision, le ministère a mis en place des critères précis : seuls les élèves dont l’âge ne dépasse pas 17 ans pour la première année du collège et 18 ou 19 ans pour le secondaire qualifiant seront intégrés. Pour la classe de terminales (bac), l’âge maximal sera de 22 ans. Cette mesure entre en vigueur dès la rentrée scolaire 2025-2026
L’objectif est clair : réintégrer les jeunes en situation d’abandon scolaire avant qu’ils ne basculent dans la marginalisation ou les circuits informels, souvent synonymes de précarité, voire de délinquance. En parallèle, le ministère promet un accompagnement pédagogique et psychologique renforcé pour faciliter cette réinsertion
Cependant, plusieurs observateurs estiment que cette politique ne peut réussir sans un encadrement strict et des moyens humains suffisants. « Réintégrer, c’est bien. Mais encore faut-il préparer les établissements à les accueillir dignement, sans mettre en péril l’équilibre des classes », alerte un inspecteur de l’éducation
Dans un Maroc en quête de justice sociale et de modernisation de son système éducatif, cette mesure suscite à la fois espoir et appréhension. Un pari risqué, mais peut-être nécessaire pour réparer les fractures d’un système scolaire encore trop excluant