Chouaib Sahnoun
Israël n’a pas seulement visé l’Iran. Il l’a mis à nu. En silence. Avec méthode. Comme un chirurgien qui tranche sans faire couler le sang en surface.
Ce n’est pas une guerre de missiles. C’est une guerre de neurones, d’ombres et de fuites. Une guerre où le vainqueur n’est pas celui qui tire le premier, mais celui qui savait déjà où l’ennemi allait se cacher.
En quelques jours seulement, Tsahal a ciblé avec une précision glaçante les trois sites nucléaires les plus protégés de la République islamique : Natanz, Isfahan, Fordow. Résultat : des infrastructures réduites à l’impuissance, des généraux éliminés, et des centrales énergétiques paralysées. Un exploit technologique ? Mieux que cela : une victoire totale du renseignement sur l’opacité.
Et cette connaissance n’est pas venue du ciel. Elle ne descend pas des satellites. Elle s’infiltre par les failles humaines du régime. Ce que Bloomberg qualifie avec froideur de “preuve éclatante de l’infiltration israélienne dans les plus hauts cercles de sécurité iraniens” est, en réalité, une véritable décapitation lente et invisible.
Le Mossad, cette hydre silencieuse, a démontré qu’il ne devine pas : il sait. Il écoute, anticipe, sabote. Et surtout, il est déjà là. Dans les ministères. Dans les casernes. Dans les palais. Et cette omniscience ne date pas d’hier.
Souvenez-vous :
Mohsen Fakhrizadeh, cerveau du programme nucléaire, abattu avec une technologie télécommandée.
L’explosion mystérieuse du site de Natanz, en 2021.
L’élimination de hauts cadres du Hamas, sur le sol iranien.
À chaque fois, un message limpide : Vous n’êtes en sécurité nulle part. Même chez vous.
Le silence de Téhéran est assourdissant. Mais encore plus troublant est celui de ses alliés. La Russie, empêtrée dans sa guerre d’usure. La Chine, obsédée par la stabilité économique. Et l’Europe, paralysée par sa dépendance énergétique. Chacun regarde, personne ne parle. Même les relais de l’Iran ,au Liban, en Syrie, au Yémen , sont étrangement inertes.
Mais ce calme est trompeur. Car Israël, en exposant la fragilité du régime iranien, pousse celui-ci dans une impasse stratégique.
Et cette impasse est dangereuse.
Téhéran pourrait vouloir sauver la face. Accélérer sa quête de l’arme nucléaire. Mais une telle escalade serait suicidaire. Fermer le détroit d’Ormuz ? Détruire une raffinerie au Qatar ? Bombarder Dubaï ? Autant de gestes désespérés… qui déclencheraient une guerre totale, que l’Iran ne peut ni gagner, ni survivre.
Car malgré son discours, le régime reste pragmatique. Il a besoin d’exporter son pétrole vers la Chine. Il sait que la moindre étincelle pourrait provoquer un effondrement de ses dernières ressources.
Le piège, pour Téhéran, serait de croire que posséder une bombe le protègera. Mais l’arme atomique ne protège pas un régime déjà rongé de l’intérieur. Elle peut même être le coup de trop. Une provocation que ni Israël, ni les États-Unis, ni les monarchies du Golfe ne laisseraient passer.
Et si l’État hébreu décidait de viser le sommet , l’Ayatollah lui-même, alors toutes les règles du jeu exploseraient. Car au-delà de la politique, ce serait une guerre spirituelle, civilisationnelle, apocalyptique.
Le paradoxe est cruel : plus le régime iranien est faible, plus il devient dangereux. Isolé, humilié, assiégé, il peut vouloir tout faire sauter. Par vengeance. Par orgueil. Par nihilisme.
Et c’est pourquoi la diplomatie ,
aussi bancale soit-elle ,reste la seule issue. Un accord nucléaire, même imparfait, vaudra toujours mieux qu’un Moyen-Orient en flammes.
Oui, le Mossad a prouvé qu’il pouvait atteindre n’importe qui, n’importe où.
Oui, l’Iran est infiltré, saoulé de coups invisibles.
Oui, sa jeunesse rêve plus de Wi-Fi que de djihad.
Oui, ses alliés ne bougent plus.
Et oui, ses milliards de pétrole n’achètent plus sa survie.
Mais un animal acculé est toujours le plus dangereux. Et un régime aux abois pourrait bien choisir la folie plutôt que la chute silencieuse.
Israël, lui, ne tire pas au hasard. Il frappe avec des cartes pleines. Et il bluffe rarement.