Vacances d’été au Maroc : entre arnaques, prix exorbitants et exode touristique

26 يونيو 2025
Vacances d’été au Maroc : entre arnaques, prix exorbitants et exode touristique

 

Chouaib Sahnoun
À l’approche de l’été, de nombreux Marocains espéraient profiter de vacances en famille bien méritées. Mais entre tarifs démesurés, logements insalubres et plages squattées, l’expérience vire souvent au cauchemar. Face à cette réalité, certains vacanciers préfèrent désormais s’offrir un séjour à l’étranger, où qualité et sérénité sont davantage garanties.
Mohamed, père de trois enfants, avait tout prévu pour une semaine paisible à Martil. Il avait économisé des mois pour faire plaisir à sa femme, Meryem, et leurs enfants. Mais à l’arrivée, c’est la douche froide : l’appartement réservé via une annonce Facebook se révèle déplorable. « 1 200 dirhams la nuit pour ça ? » s’insurge Meryem en découvrant les murs décrépis, les lits sales et la plaque de cuisson à moitié fonctionnelle. « Mes enfants ont eu peur de dormir dans ces lits », confie-t-elle, écœurée.
Ce genre de mésaventure est loin d’être isolé. À Tétouan, un militant pour les droits des consommateurs témoigne : « Nous recevons chaque été des dizaines de plaintes similaires. L’an dernier, une famille a payé 8 000 dirhams pour un appartement sans eau chaude. Et quand ils se sont plaints, le propriétaire leur a dit de dégager. »
Le calvaire ne s’arrête pas aux portes des locations. À Fnideq, Ahmed, un retraité, garde un souvenir amer de son passage à la plage avec ses petits-enfants. « Un homme baraqué m’a exigé 50 dirhams pour qu’on puisse s’asseoir sur le sable ! », raconte-t-il. En refusant, il a été violemment menacé : « Si tu veux pas payer, dégage d’ici, vieux. » Pourtant, la loi marocaine garantit l’accès libre et gratuit aux plages publiques.
Devant ces abus, beaucoup jettent l’éponge. Fatima, mère de famille de Rabat, a choisi cette année de partir à Malaga, en Espagne. « J’ai tout compris pour 15 000 dirhams : vol, logement, plage propre et calme. L’an dernier à Tétouan, j’ai payé 12 000 dirhams pour un calvaire. Pour seulement 3 000 dirhams de plus, j’ai eu des vacances dignes de ce nom. »
Les jeunes générations ne sont pas en reste. Sara, informaticienne casablancaise, préfère partir à l’étranger. « Avec mes amies, on économise pour aller en Turquie ou en Tunisie. Là-bas, au moins, on est respectées. » Son amie Loubna ajoute : « À Martil, on a dormi une nuit dans un appartement infesté de cafards pour 300 dirhams par personne. C’était révoltant. »
Conscientes de la grogne croissante, certaines autorités locales commencent à réagir. Des opérations de libération des plages occupées illégalement par des exploitants privés ont été menées. Khadija, gérante d’une pension familiale à Oued Laou, note déjà un changement : « Depuis que la plage est redevenue accessible, les familles reviennent. »
Mais les professionnels du tourisme de proximité le savent : cela ne suffira pas. « Il faut une vraie régulation du marché locatif saisonnier et un contrôle strict sur les pratiques abusives. On ne demande pas la lune, simplement un hébergement propre à un prix honnête, et des plages libres où nos enfants peuvent jouer en paix », conclut Khadija.
Ainsi, les vacances de rêve au Maroc se transforment souvent en parcours du combattant. Et si rien n’est fait rapidement, le tourisme interne pourrait bien continuer à s’effondrer… au profit de destinations étrangères plus respectueuses et abordables.

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