On jette les petits poissons en prison… et on laisse les baleines filer

2 ديسمبر 2025
On jette les petits poissons en prison… et on laisse les baleines filer


Chouaib Sahnoun
Fès frappe fort contre 15 forces auxiliaires, mais l’impunité des gros bonnets reste taboue.
Le tribunal de Fès vient de prononcer des condamnations dans une affaire d’enrichissement illicite visant quinze membres des forces auxiliaires, principalement issus de la 37ᵉ unité mobile de Nador.
Un dossier lourd, présenté comme un signal fort dans la lutte contre la corruption. Pourtant, derrière la fermeté affichée, une question dérangeante flotte dans l’air : pourquoi la justice se montre-t-elle implacable avec les subalternes, mais étrangement silencieuse quand il s’agit de viser les “gros poissons” du système ?

Une affaire qui tombe à pic… sur les rangs les plus vulnérables.
L’enquête a été déclenchée après la détection de mouvements financiers suspects : comptes bancaires bien garnis, acquisitions immobilières, véhicules coûteux ,autant d’éléments totalement disproportionnés par rapport aux revenus de ces agents.
Les investigations ont rapidement mis en lumière une accumulation de biens difficilement justifiable, ouvrant la voie à des poursuites pour blanchiment de capitaux.
Au final, le verdict tombe : un an de prison avec sursis et 30.000 dirhams d’amende pour chacun, avec en prime la confiscation des véhicules, propriétés et comptes bancaires concernés.

Une fermeté sélective ?
Que la justice s’attaque à la corruption est une bonne chose. Mais le problème n’est pas là. Le problème, c’est que ce type d’affaires semble ne viser que les maillons les plus faibles de la chaîne sécuritaire.
Pendant que ces agents ,certes fautifs ,sont exposés en pleine lumière, les véritables baleines, celles qui profitent d’un système opaque depuis des décennies, restent hors de portée.
*Aucune enquête sur les supérieurs hiérarchiques.
*Aucun audit sur les réseaux qui permettent justement à de simples auxiliaires de se retrouver à gérer des patrimoines dignes d’hommes d’affaires.
*Aucun questionnement sur les têtes du système où circulent des fortunes autrement plus vertigineuses. On frappe vite, fort, et exclusivement vers le bas.

Une justice qui veut prouver qu’elle agit… mais pas partout
Pour les observateurs, ce type de dossier donne l’impression d’un gest de communication judiciaire :
*On montre que l’on lutte contre la corruption,
*On expose quelques coupables symboliques,
*On brandit les saisies de biens pour marquer les esprits, mais on évite soigneusement de remonter la chaîne pour ne pas déranger les sphères où l’argent coule à flots ,sans jamais attirer l’attention des enquêteurs.
Dans ce contexte, les condamnations de Fès ressemblent moins à une purge qu’à un sacrifice de petites mains pour préserver un équilibre politique et institutionnel fragile.

Enrichissement illégal : la vraie bataille reste à mener
La justice affirme dans son jugement que les « présomptions fortes » justifient les sanctions infligées.Très bien. Mais le pays n’avancera réellement que lorsque les mêmes « présomptions fortes » seront appliquées aux hauts gradés, aux décideurs, aux intermédiaires puissants, et à tous ceux qui gravitent autour de circuits financiers occultes qui dépassent largement les moyens d’un simple auxiliaire.
Sans cela, la lutte contre la corruption restera une opération cosmétique, où l’on continue de noyer les sardines pendant que les requins tournent librement dans les eaux profondes.

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