Chouaib Sahnoun
Le secteur pharmaceutique marocain traverse l’une des périodes les plus critiques de son histoire. Alors que les prix des médicaments atteignent des sommets, les pharmaciens tirent la sonnette d’alarme, dénonçant une double peine : des coûts d’exploitation insoutenables et une réforme des prix jugée destructrice
L’inquiétude est telle que certains parlent déjà d’une faillite généralisée imminente. Le mécontentement gronde dans les rangs des professionnels, confrontés à un projet de décret gouvernemental qui bouleverse les règles de fixation des prix des médicaments. S’il est adopté dans sa version actuelle, ce texte pourrait selon eux précipiter la fermeture de centaines, voire de milliers d’officines, déjà fragilisées par un modèle économique à bout de souffle
Un premier rassemblement de protestation est prévu mardi prochain devant le ministère de la Santé et de la Protection sociale, à Rabat. Objectif : alerter l’opinion publique et exiger l’ouverture d’un dialogue sérieux avec les autorités. Les pharmaciens espèrent ainsi obtenir un moratoire sur la réforme, le temps d’élaborer une approche plus équilibrée
Ils déplorent une absence totale de concertation avec les représentants du métier lors de l’élaboration du décret. « On nous traite comme des acteurs invisibles, alors que nous sommes en première ligne du système de santé », s’indignent-ils. Selon eux, le texte ne s’attaque qu’aux barèmes de prix à la vente, sans prévoir les dispositifs d’accompagnement nécessaires pour maintenir la viabilité économique des officines, ni tenir compte de l’explosion des charges, des loyers et des coûts logistiques
En toile de fond, les prix exorbitants de nombreux médicaments continuent d’alimenter la colère : ils pèsent lourdement sur le pouvoir d’achat des citoyens et n’épargnent pas non plus les professionnels, contraints de vendre à perte certains produits, ou de renoncer à en stocker d’autres devenus trop onéreux
Ce bras de fer entre pharmaciens et ministère s’annonce difficile à arbitrer. Et il pourrait bien n’être que le premier acte d’une crise du médicament aux répercussions sanitaires, économiques et sociales majeures