Été confisqué : quand le domaine public devient une rente illégale

19 يوليو 2025
Été confisqué : quand le domaine public devient une rente illégale

 

Chouaib Sahnoun
Chaque été, c’est le même scénario qui se répète sur les plages marocaines, à ceci près que la situation empire d’année en année. Des jeunes, souvent en situation de chômage, s’approprient illégalement des portions entières du domaine public, transformant l’espace littoral  ,censé être libre et gratuit, en un territoire privatisé, monnayé à coups de tarifs arbitraires pour un stationnement, une chaise, ou un parasol
Pour de nombreux vacanciers, l’accès aux plages se transforme en parcours du combattant : parkings publics fermés sans explication, menaces à peine voilées pour imposer des frais de stationnement, obligation de louer du matériel sous peine de se faire “chasser” de l’espace sableux. Ces pratiques illégales, devenues une sorte de tradition estivale non écrite, sont de plus en plus visibles et tolérées
Bouazza Kharrati, président de la Fédération marocaine des droits du consommateur, ne cache pas son indignation. « Ce qui est grave, ce n’est pas que ça continue, c’est que ça empire », résume-t-il dans un entretien . Il dénonce non seulement l’absence d’anticipation des autorités locales, mais aussi leur passivité criante : « On attend que la haute saison commence pour intervenir… sauf qu’à ce moment-là, tout est déjà accaparé
Le plus révoltant dans cette situation, c’est que ce sont les familles les plus modestes qui en font les frais. Salariés, petits fonctionnaires, retraités… Ceux qui économisent pendant des mois pour quelques jours de détente au bord de la mer se voient racketter sous un soleil de plomb. « Cette catégorie de citoyens vit déjà dans la précarité, face à des hausses continues des prix du carburant, des produits alimentaires et des loyers. Et quand ils veulent souffler un peu, ils se retrouvent confrontés à une plage devenue payante de bout en bout », déplore Kharrati
Il serait trop simple de réduire ce phénomène à une question de délinquance. Il est aussi le symptôme d’un mal plus profond : le chômage massif chez les jeunes. Pour certains, squatter un parking ou louer illégalement des parasols devient une source de revenus de survie. « Mais on ne peut pas résoudre un problème social en créant une injustice sociale encore plus grave », prévient Kharrati. « Le consommateur n’est pas responsable de l’échec des politiques de l’emploi
Le militant appelle à une réponse globale, mêlant prévention, création d’emplois décents, mais aussi fermeté. « Il faut sacraliser le domaine public. Il ne doit pas être négociable. C’est un bien collectif, pas une rente privée. » Il exhorte les pouvoirs publics à appliquer les lois existantes, quitte à les renforcer, et surtout à intervenir en amont de la saison estivale, pas une fois que les dégâts sont déjà faits
Ce débat en cache un autre, plus fondamental : celui de l’égalité d’accès aux biens publics, à la nature, au loisir. Dans un pays où les vacances sont souvent le seul luxe accessible aux classes moyennes et populaires, les privatisations sauvages du littoral sont perçues comme une violence insupportable. Le droit au repos, au soleil, au sable ne devrait pas être une marchandise, mais un bien commun

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