Chouaib Sahnoun
Dans une démarche à la fois symbolique et stratégique, Fahd Al Masri, secrétaire général du Parti syrien libre, a adressé une lettre ouverte au président syrien Ahmed Al-Charaa, l’exhortant à franchir une étape décisive dans les relations syro-marocaines. Dans ce message , Al Masri appelle à désigner officiellement le Front Polisario comme une organisation terroriste et à reconnaître pleinement la souveraineté du Maroc sur le Sahara.
Cette prise de position fait suite à la décision marquante, prise le 27 mai dernier, par les nouvelles autorités syriennes de fermer les bureaux du Polisario à Damas, actifs depuis les années 1980. Une décision qualifiée par Al Masri de “victoire morale et politique”, fruit de “dix années d’efforts pour dénoncer le rôle nuisible d’une organisation athée, séparatiste et terroriste”, qu’il accuse d’être soutenue et manipulée par les Gardiens de la Révolution iraniens.
Dans sa missive, Al Masri souligne également l’évolution de la position américaine sur ce dossier, en rappelant qu’un projet de loi a récemment été présenté à la Chambre des représentants des États-Unis pour inscrire le Polisario sur la liste noire des organisations terroristes, au même titre que le Hezbollah libanais et les Gardiens de la révolution d’Iran.
Plus encore, Al Masri appelle Ahmed Al-Charaa à rompre avec l’héritage controversé de l’ancien régime syrien en matière de relations diplomatiques, notamment avec le Maroc. Il insiste sur l’opportunité d’établir un nouveau partenariat stratégique basé sur le respect mutuel, la coopération et la reconnaissance réciproque de la souveraineté nationale.
« Reconnaître le Sahara comme territoire marocain, c’est aussi affirmer notre rejet de toute forme de séparatisme ou d’ingérence extérieure sur le territoire syrien », a-t-il affirmé, en traçant un parallèle clair entre les revendications du Royaume du Maroc et celles du peuple syrien.
Ce plaidoyer intervient dans un contexte géopolitique particulier, alors que le président syrien Ahmed Al-Charaa est attendu prochainement au Maroc, marquant ainsi un tournant diplomatique entre les deux pays. Ce rapprochement s’inscrit dans la continuité du message royal adressé le 4 février dernier par le roi Mohammed VI, félicitant le nouveau président syrien et affirmant la solidarité du Maroc avec le peuple syrien dans cette phase de transition.
Les appels de Fahd Al Masri, bien que venant d’un acteur politique d’opposition, résonnent comme une invitation forte à repenser les alliances régionales à la lumière des enjeux sécuritaires et géostratégiques communs. La balle est désormais dans le camp de Damas.