Chouaib Sahnoun
La fermeture brutale du commerce d’Abdelilah Ajjout, alias « Moul Lhout », un poissonnier populaire sur TikTok, a déclenché une vive controverse à Marrakech. En réaction, le wali de la région Marrakech-Safi, Farid Chourak, a pris la décision de limoger le caïd de l’arrondissement de Hay Hassani et de l’affecter à la wilaya, sans lui confier de nouvelles responsabilités.
L’intervention musclée des autorités, perçue comme un excès de zèle, a provoqué une vague d’indignation aussi bien chez les habitants que sur les réseaux sociaux. Des sources indiquent que l’opération de contrôle menée par le caïd s’est déroulée sans l’implication du Bureau communal d’hygiène, pourtant compétent en la matière. L’arrestation temporaire de « Moul Lhout » et la fermeture immédiate de son commerce ont accentué les tensions, alimentant les accusations d’abus de pouvoir.
Face à la montée de la contestation, le wali a tenté de désamorcer la crise en autorisant la réouverture du commerce et en facilitant le retour du poissonnier au marché de gros de Marrakech. Il lui a également garanti un accès direct aux autorités en cas de nouvelles pressions.
Malgré ces mesures, des voix s’élèvent pour dénoncer une gestion de crise superficielle. Mohamed Ghalloussi, avocat et militant des droits de l’homme, réclame une enquête judiciaire afin d’identifier les véritables responsables et de sanctionner les éventuels abus. Il redoute que le caïd ne soit qu’un bouc émissaire destiné à apaiser la colère populaire, tandis que d’autres acteurs plus influents restent intouchables.
L’affaire soulève plusieurs questions : pourquoi la fermeture du commerce a-t-elle eu lieu précisément après l’émergence de la polémique, alors qu’il était en activité depuis longtemps ? Tous les vendeurs de poisson sont-ils soumis aux mêmes contrôles ? Qui sont les véritables bénéficiaires du monopole sur ce marché ?
Mohamed Ghalloussi insiste sur la nécessité de lier responsabilité et reddition des comptes, dénonçant une tendance à sacrifier des fonctionnaires subalternes tout en épargnant ceux qui profitent du système. Il appelle à des réformes pour assurer une transparence réelle et mettre fin à l’impunité des « gros poissons » qui dominent le secteur.