Chouaib Sahnoun
Depuis son arrivée en Allemagne au début de l’année 2015, Ammar Mallah a parcouru un long chemin. Originaire d’Alep, ce Syrien a fui la guerre civile pour trouver refuge à Jena, en Thuringe. Là-bas, il a entamé une formation d’infirmier quelques mois après son arrivée. Aujourd’hui spécialisé en soins intensifs, il travaille dans un centre universitaire à Bâle, en Suisse, après avoir obtenu la nationalité allemande et déménagé dans le sud du pays. Mais les récents événements en Syrie pourraient bouleverser ses projets. “La chute de Bachar Al-Assad m’a rempli d’une joie immense. Je suis heureux de savoir que je pourrai revoir ma famille, notamment mon frère, libéré après 13 ans de prison. Cependant, je préfère attendre de voir si le pays sera stable et sécurisé avant d’envisager un retour”, explique ce trentenaire, désormais père de famille
L’envie de rentrer, mais avec prudence
Comme Ammar Mallah, Samer Matar ne prévoit pas de retourner en Syrie pour le moment. Ce cardiologue formé à l’université de Damas est arrivé en Allemagne en 2014 avec un visa de travail. Installé à Leipzig, il s’est intégré et continue de développer sa carrière. “La chute d’Assad ouvre de nouvelles possibilités. Si des événements négatifs, comme une montée de l’extrême droite, se produisaient en Allemagne, je pourrais envisager un retour en Syrie. Mais pour l’instant, ce n’est pas ma priorité. Je veux me perfectionner dans ma spécialité, fonder une famille, et soutenir la Syrie en gagnant bien ma vie ici”, explique-t-il. En tant que membre de l’Association des médecins et pharmaciens syriens en Allemagne, il participe à des initiatives d’aide humanitaire, comme l’envoi de médicaments, l’organisation d’interventions chirurgicales et le soutien psychologique à distance pour les prisonniers récemment libérés
Un enjeu pour l’Allemagne
Les autorités allemandes sont préoccupées par le potentiel départ des 6000 médecins et 2000 pharmaciens syriens travaillant dans le pays, qui forment le groupe étranger le plus important du système de santé allemand. “Leur départ créerait un manque critique, notamment dans les soins aux personnes âgées”, alerte Isabell Halletz, de l’association des soins infirmiers. Bernadette Rümmelin, directrice de l’Association des hôpitaux catholiques, partage cette inquiétude, soulignant que de nombreux établissements ruraux pourraient fermer faute de personnel.
Alors que certains partis politiques appellent à durcir les conditions d’accueil, le chancelier Olaf Scholz a tenu à rassurer : “Les personnes bien intégrées et travaillant en Allemagne sont les bienvenues et resteront les bienvenues.
La situation des Syriens en Allemagne reste un sujet complexe, oscillant entre l’envie de retour et les défis liés à leur intégration et à leur contribution dans leurs pays d’accueil.