

Chouaib Sahnoun
Les premières fausses notes, malgré tout:
Il fallait bien les évoquer. Dès le match d’ouverture, avant même que le ballon ne roule, quelques zones d’ombre sont venues troubler l’image soigneusement polie de la Coupe d’Afrique des nations 2025. Des couacs perceptibles avant, pendant et après la rencontre inaugurale, comme si la mécanique bien huilée avait brièvement grincé.
Ces fausses notes ont toutefois été rapidement éclipsées par un moment fort en symboles : l’entrée solennelle du Prince Héritier Moulay El Hassan au stade Moulay Abdellah, suivie de la prestation maîtrisée des Lions de l’Atlas, victorieux 2-0 face aux îles Comores. Le sport a repris ses droits, mais les interrogations demeurent.
La pluie, abondante, n’a pas véritablement gâché le spectacle sur la pelouse. En revanche, l’interdiction stricte d’introduire des parapluies dans l’enceinte a suscité une incompréhension totale chez les supporters. Beaucoup ont préféré rebrousser chemin plutôt que d’affronter des trombes d’eau sans protection, contribuant à des tribunes clairsemées là où un stade comble était attendu.
Mais la météo n’explique pas tout. Le véritable scandale de cette première soirée se niche ailleurs : dans le prix des billets. Malgré les promesses de fermeté, le marché noir a encore frappé, transformant un événement populaire en luxe inaccessible. Des tickets initialement abordables se sont retrouvés revendus jusqu’à 1 500 dirhams, y compris dans les catégories les moins prestigieuses. Résultat : des places invendues, des sièges vides et une image désolante, en total décalage avec les annonces de records d’affluence. Une CAN jouée à domicile, mais dont une partie du public est tenue à distance par la spéculation.
Autre point noir : la persistance de gadgets laser dans les tribunes. Malgré les fouilles et les consignes strictes, quelques incidents ont été relevés, perturbant par moments le déroulement du match. Un détail ? Pas vraiment. Car ces comportements isolés ternissent l’image d’un public marocain qui, dans sa grande majorité, s’est montré exemplaire, fair-play et respectueux, évitant notamment les sifflets intempestifs.
La retransmission télévisée sur la chaîne Arryadia n’a pas non plus été à la hauteur des attentes. Coupures répétées, ralentissements, qualité d’image décevante : un paradoxe au regard des investissements massifs annoncés dans des équipements de dernière génération. À l’ère des droits TV et de la diffusion mondiale, ce type de défaillance interroge et appelle des correctifs rapides.
Pour autant, ne cédons pas au procès à charge. L’organisation globale, notamment en matière de sécurité et de gestion des foules, s’est révélée solide et conforme aux standards internationaux affichés. Un signal encourageant à l’approche des grands rendez-vous à venir, et surtout à l’horizon 2030.
La CAN 2025 a donc commencé avec ses contradictions : une fête populaire freinée par des prix élitistes, une vitrine moderne parfois brouillée par des détails évitables. Les bases sont là. Reste désormais à ajuster le curseur, pour que la passion du football ne soit pas réservée à ceux qui peuvent se l’offrir.




