Chouaib Sahnoun
Le téléphone volé dans un wagon du métro londonien ne reste pas toujours sur le sol britannique : il peut parcourir plus de 2 000 kilomètres pour atterrir au Maroc ou en Chine, deux destinations régulièrement citées par les autorités comme points de chute majeurs de ce trafic en pleine expansion
Selon les dernières données publiées par la British Transport Police, près de 12 150 téléphones portables ont été dérobés dans les trains et les gares du Royaume-Uni en 2024, marquant une flambée inquiétante de 135 % par rapport à 2020, où 5 167 cas avaient été recensés. Concrètement, un téléphone est volé toutes les 44 minutes sur le réseau ferroviaire britannique
Derrière ces chiffres, des conséquences bien réelles : des victimes privées de leurs moyens de communication, de navigation, d’identification,et parfois de leurs économies. Le journal Mirror rapporte que des utilisateurs, incapables d’accéder à leurs applications bancaires, voient leur argent siphonné via les informations sauvegardées sur leurs appareils
Et le phénomène ne se limite pas aux transports en commun. D’après l’enquête 2024 sur la criminalité en Angleterre et au Pays de Galles, 78 000 personnes ont été victimes de vols de téléphones ou de sacs dans l’espace public au cours de l’année se terminant en mars. À elle seule, la capitale représente un butin estimé à 50 millions de livres sterling en téléphones volés, selon la Metropolitan Police
Mais où finissent tous ces appareils ? La réponse, bien souvent, se trouve au-delà des frontières. L’Agence nationale de la criminalité (NCA) affirme que la majorité des téléphones volés sont expédiés à l’étranger, notamment vers des pays comme la Chine et le Maroc. Ces destinations ne sont pas choisies au hasard : elles abritent des réseaux bien organisés, capables de déverrouiller, revendre ou exploiter les données contenues dans les téléphones volés. Dans certains cas, ces données servent à alimenter d’autres activités illégales : fraudes bancaires, usurpations d’identité, ou encore cyberattaques ciblées
Malgré cette explosion des chiffres, la réponse institutionnelle semble encore timorée. La collaboration internationale reste limitée, les contrôles aux frontières inefficaces face à l’ampleur du trafic, et les campagnes de prévention souvent invisibles pour le grand public. Pendant ce temps, les voleurs, eux, n’ont besoin que de quelques secondes dans une rame bondée pour faire main basse sur un objet qui vaut de l’or,au sens propre comme au figuré