Chouaib Sahnoun
C’est une avancée historique pour la région de Khouribga et une victoire pour la souveraineté hydrique du Maroc. Après plusieurs mois de travaux titanesques et d’essais techniques, les premières gouttes d’eau dessalée issues de l’Atlantique sont officiellement arrivées à Khouribga via un pipeline de plus de 200 kilomètres, reliant le littoral industriel de Jorf Lasfar au cœur du bassin minier.
Grâce à une station de dessalement ultramoderne installée à Jorf Lasfar, l’Office chérifien des phosphates (OCP) a concrétisé l’un de ses projets les plus ambitieux : transporter de l’eau de mer traitée vers ses installations minières de Khouribga, à travers un pipeline entièrement alimenté par des énergies renouvelables.
Ce projet s’inscrit dans la vision du groupe OCP de n’utiliser aucune goutte d’eau potable ou souterraine dans ses processus industriels à l’horizon 2027. Il marque également une rupture dans la gestion des ressources hydriques à l’échelle nationale.
Dans un contexte de stress hydrique alarmant et de sécheresses à répétition, l’arrivée d’eau dessalée à Khouribga offre un véritable bol d’oxygène à la région. En plus de répondre aux besoins industriels de l’OCP, cette eau pourrait, à moyen terme, soutenir l’approvisionnement en eau potable pour certaines communes rurales voisines, selon des sources proches du projet.
« Il s’agit d’un tournant stratégique. Le Maroc démontre qu’il est possible d’industrialiser sans épuiser les nappes phréatiques », souligne un ingénieur en environnement du groupe OCP.
219 kilomètres de conduites posées entre l’Atlantique et le plateau des phosphates
80 millions de m³ d’eau dessalée par an à terme
Énergie 100 % verte pour alimenter les stations de pompage
Un coût estimé à plus de 100 millions d’euros, financé en partie par la Société financière internationale (IFC), branche de la Banque mondiale
Ce projet présente un double avantage : soulager les nappes phréatiques surexploitées de la région et stabiliser l’approvisionnement industriel en eau, indispensable à la transformation des phosphates.
Par ailleurs, des emplois directs et indirects ont été créés pendant la phase de construction, notamment pour les jeunes de la région de Khouribga.
Avec cette réussite, l’OCP prépare déjà de futures extensions vers d’autres sites miniers. Khouribga devient ainsi un laboratoire d’innovation hydraulique à l’échelle africaine. Le Maroc confirme son leadership dans la gestion intégrée et durable de l’eau dans un contexte climatique de plus en plus contraignant.