Chouaib Sahnoun
À Marrakech, loin des côtes marocaines, Abdelilah El Ajjout, un jeune poissonnier, s’est imposé comme un acteur clé dans la lutte contre la vie chère. Son concept, à la fois simple et audacieux : proposer des sardines à seulement 5 dirhams le kilo, soit trois à quatre fois moins que le tarif habituel. Dans un contexte de hausse constante des prix, son initiative a immédiatement conquis les consommateurs marocains et dépassé les frontières du pays.
Grâce aux réseaux sociaux, notamment TikTok, Abdelilah, surnommé “Moul Sardine” et “Moul l’hout”, a rapidement gagné en notoriété. Ses vidéos, où il explique son engagement pour un poisson accessible à tous, ont été massivement partagées. Son action a également attiré l’attention des médias internationaux, notamment Le Parisien, qui lui a consacré un article le 3 mars et un réel sur Instagram. Une reconnaissance qui illustre l’impact grandissant de son combat, bien au-delà du Maroc. En court-circuitant les intermédiaires et en achetant directement aux enchères dans les ports, il propose des prix imbattables, quitte à ne dégager qu’une marge d’un dirham par kilo vendu.
Mais ce succès fulgurant n’a pas été sans conséquences. Fin février, son commerce a été temporairement fermé par une commission mixte pour des raisons administratives et des supposés problèmes de conservation des poissons. Une décision qui a déclenché une vague d’indignation sur les réseaux sociaux, où beaucoup y ont vu une tentative de le faire taire pour protéger les intérêts des commerçants traditionnels.
Aujourd’hui, Abdelilah El Ajjout est bien plus qu’un simple vendeur de poissons. Il incarne une résistance populaire face aux inégalités économiques, son combat trouvant un écho bien au-delà du royaume. Son initiative soulève une question universelle : l’accessibilité des produits de première nécessité et la nécessité d’une régulation des prix pour les plus modestes. Ce qui, au départ, n’était qu’une histoire de sardines s’est transformé en un symbole de lutte sociale et économique.
