Chouaib Sahnoun
Les relations entre les citoyens marocains et les cliniques privées, déjà tendues, se sont considérablement détériorées depuis l’introduction de l’Assurance Maladie Obligatoire (AMO). Cette dégradation s’explique par des pratiques abusives en matière de facturation et une baisse notable de la qualité des soins. Le nombre croissant de litiges portés devant la justice en témoigne.
En quête de profits rapides, de nombreuses cliniques privilégient la quantité au détriment de la qualité. Elles recrutent des médecins débutants tout en augmentant leurs tarifs et en exigeant fréquemment des paiements en espèces. Cette dérive contribue à accroître la méfiance des patients.
Les inspections, souvent déclenchées par des plaintes de familles de patients, ne suffisent pas à apaiser les tensions. Les irrégularités persistent, notamment l’exigence de chèques de garantie avant l’admission des malades. Dans certains établissements, des décès répétés liés à des diagnostics erronés ou des interventions mal exécutées ternissent davantage leur réputation. Face à cette situation, de nombreux patients, désabusés, préfèrent se tourner vers les hôpitaux publics, malgré leurs carences, ou vers les cliniques de la CNSS, en cours de restructuration.
À cela s’ajoute une flambée des tarifs, particulièrement pour des soins coûteux tels que la dialyse ou les traitements contre le cancer. Certaines cliniques réputées échappent aux contrôles des autorités, appliquant des prix bien supérieurs aux normes officielles.
Du côté des autorités, les réformes se font attendre. Le nouveau ministre de la Santé ne semble pas en mesure de changer la donne, à l’image de son prédécesseur. Les patients continuent de faire face à des pratiques inéquitables et à des démarches judiciaires interminables, amplifiant leur détresse face à un système de santé privé de plus en plus déshumanisé.