Chouaib Sahnoun
Il est difficile de comprendre la logique qui sous-tend les pratiques de la Caisse Marocaine de Retraite (CMR). En effet, les retraités affiliés à la CMR sont divisés en deux catégories : ceux résidant au Maroc, et ceux établis à l’étranger. Si les premiers peuvent aisément consulter leurs informations personnelles en ligne, les seconds, eux, se heurtent à de nombreux obstacles. Pour accéder à des documents administratifs ou suivre leur dossier, ils doivent soit se déplacer physiquement au Maroc, soit contacter le centre d’appel de la caisse, soit envoyer une demande par courrier. Pourtant, ces deux groupes de retraités ont contribué de la même manière tout au long de leur carrière dans la fonction publique marocaine
Depuis deux mois, les retraités résidant à l’étranger rencontrent des problèmes majeurs pour accéder à leur espace personnel sur le nouveau site internet de la CMR. Malgré leurs tentatives répétées, ils ne parviennent pas à se connecter, les empêchant ainsi d’accomplir diverses démarches essentielles : télécharger une attestation de pension, déposer une réclamation, consulter l’historique de leurs paiements ou encore prendre connaissance des communiqués importants, notamment ceux liés à la procédure de contrôle de vie électronique
Alors que depuis 2023, l’attestation de vie n’est plus nécessaire pour les retraités vivant au Maroc, ceux établis à l’étranger sont toujours tenus de la fournir pour percevoir leur pension. Cette exigence, qui semble dénuée de fondement administratif ou juridique, a entraîné la suspension de pensions pour de nombreux retraités sans notification préalable, les plongeant dans une situation financière précaire. Ils subissent ainsi une double peine : non seulement ils ne peuvent accéder à leur espace personnel en ligne, mais leurs pensions sont suspendues en raison de l’absence d’une attestation devenue obsolète pour les résidents marocains
Ce manque de communication et de support de la part de la CMR est d’autant plus incompréhensible que l’organisme dispose de tous les moyens nécessaires pour joindre ces retraités (e-mails, adresses postales, etc.). Pourtant, les seules solutions qui leur sont proposées consistent à joindre un centre d’appel souvent saturé, ou à retourner au Maroc pour effectuer leurs démarches, une recommandation qui semble totalement inadéquate à l’heure de la digitalisation croissante des services publics au Maroc
Cette situation met en lumière une véritable inégalité de traitement entre les retraités vivant au Maroc et ceux établis à l’étranger, et interroge sur la réelle volonté de l’administration marocaine de faciliter l’accès à ses services pour tous ses citoyens, quel que soit leur lieu de résidence
La Caisse Marocaine de Retraite, rappelons-le, gère les régimes de pensions civiles et militaires, le régime de retraite complémentaire Attakmili, ainsi que plusieurs régimes non cotisants, ce qui en fait un acteur clé dans le domaine de la prévoyance sociale au Maroc. Pourtant, les défis auxquels sont confrontés les retraités à l’étranger jettent un doute sur la capacité de cet organisme à garantir une prise en charge équitable de l’ensemble de ses affiliés