Chouaib Sahnoun
Que le visa soit accordé ou refusé pour l’Europe, c’est tout bénéfice pour les pays européens. Lorsqu’un Africain souhaite visiter un pays européen, il doit débourser des sommes importantes, alors que les Européens peuvent facilement se réveiller le matin, prendre leur café, et décider de visiter l’Afrique sans obstacles.
Les chiffres révèlent l’ampleur de cette situation : selon un rapport de Henley and Partners, les pays européens ont gagné 54 millions d’euros rien qu’en refusant des visas aux demandeurs africains. Les refus de visas aux Marocains, par exemple, ont rapporté près de 12 millions d’euros. Et cette somme risque d’augmenter en 2024, car depuis le 11 juin, la demande de visa coûte désormais 90 euros, soit une augmentation de 10 euros. Cela représente entre 30% et 50% du salaire minimum dans certains pays africains. Et cela ne tient même pas compte des revenus générés par les visas accordés, qui sont beaucoup plus importants. Le taux de refus moyen est estimé à 30%, avec des variations selon les pays, portant les revenus des visas accordés à environ 149 millions d’euros. En ajoutant les revenus des refus, cela nous donne une somme totale de 203 millions d’euros. Alors, qui aide qui ?
Chaque demandeur de visa doit payer avant même de commencer le processus, et ce paiement ne garantit rien. En cas de refus, l’argent est perdu. De plus, les pays européens ne sont pas obligés de justifier leur refus. C’est un simple “non”, sans explication.
Ce qui est ironique, c’est que presque tous les pays européens, surtout ceux de l’Ouest, se vantent de leurs relations avec l’Afrique. Leurs dirigeants aiment réunir les chefs d’États africains pour des photos de famille censées illustrer la bonne entente entre les continents. On a bien vu comment cela s’est terminé pour l’un d’entre eux, la France.
Cette avidité pour l’argent des demandeurs de visa s’explique en partie par le fait que la gestion des demandes a été confiée à des sociétés privées, dont le but est de faire du profit. C’est probablement la raison pour laquelle les frais de demande ont augmenté de 10 euros. L’entreprise privée en tire profit et les pays européens font payer aux Africains un service administratif. Voilà à quoi ressemble la coopération Nord-Sud.