
Chouaib Sahnoun
La crise qui couvait depuis plusieurs semaines au sein de la Commission provisoire chargée de la presse et de l’édition vient d’exploser au grand jour. Après les révélations retentissantes du journaliste Hamid El Mahdaoui, c’est désormais Hamid Saadni, directeur de l’information à 2M, qui jette l’éponge. Dans un message publié sur les réseaux sociaux, il annonce la « suspension » de son mandat au sein de la commission, devenant ainsi le premier membre à prendre officiellement ses distances.
Une défection qui tombe comme un couperet pour un organe censé assurer l’éthique, l’intégrité et la régulation de la profession. Ironie du sort : c’est précisément cet organe qui se retrouve aujourd’hui accusé d’opacité, de manquements et d’« actes immoraux », selon les termes rapportés au Parlement.
Hier, à la Chambre des conseillers, la polémique est montée d’un cran. Un parlementaire du Mouvement populaire a interpellé le chef du gouvernement, s’inquiétant des accusations révélées par El Mahdaoui au sujet d’une réunion du comité d’éthique, une instance supposée incarner la probité professionnelle. Il a également dénoncé le manque de transparence entourant le projet de loi visant à réorganiser le Conseil national de la presse, un texte controversé que beaucoup jugent éloigné des « règles démocratiques de représentation des professionnels ».
Rappelons que ce projet de loi, au cœur de la tempête, a été adopté le 22 juillet dernier à la Chambre des députés par 87 voix contre 25, sans aucune abstention. Fort d’une majorité confortable à la Chambre des conseillers, le gouvernement semble déterminé à le faire passer, malgré les critiques et la défiance grandissante des acteurs du secteur.
En filigrane, une question dérangeante : comment un Conseil censé défendre l’éthique et la liberté de la presse peut-il prétendre à la confiance du public lorsque ses propres mécanismes sont contestés ?
La crise actuelle révèle moins une simple turbulence qu’un malaise profond : celui d’une institution qui, au lieu de protéger la presse, semble aujourd’hui menacer sa crédibilité.




