?Khouribga:Marginalisation ,chômage,l’OCP peut-il y remédier

23 نوفمبر 2025
?Khouribga:Marginalisation ,chômage,l’OCP peut-il y remédier

Chouaib Sahnoun.
Depuis plus d’un siècle, la province de Khouribga, considérée comme la capitale mondiale du phosphate, a contribué à fournir des ressources importantes en devises pour l’économie marocaine et à enrichir les coffres du Royaume, atteignant des montants records par l’exportation de l’or blanc “phosphate” en quantités diverses vers les cinq continents. Les transferts de phosphate vers le Maroc ont généré des profits significatifs, notamment pour soutenir les projets, réaliser des investissements intérieurs et extérieurs, et financer les achats du Maroc sur le marché mondial. Cependant, cela se fait malgré le désengagement de l’administration du Phosphate Office (OCP) en matière de dynamisation du développement économique et social dans la région de Khouribga, qui épuise ses richesses jour et nuit, exportant sa production brute de phosphate par des trains ou des pipelines souterrains hors de vue des habitants, transportant des millions de tonnes quotidiennement sans arrêt ni pause, avec cupidité et sans surveillance, et sans véritable bénéfice pour les habitants de la région en termes de retombées économiques qui se chiffrent en milliards, ne serait-ce qu’en termes de création d’emplois justes et de reconnaissance de leurs droits sociaux.
Face à l’ignorance de l’administration de l’OCP à Khouribga, de nombreux jeunes de la province se plaignent de marginalisation, de chômage, de négligence et de ressentiment face à une situation sociale dégradée et à une stagnation économique due aux promesses non tenues de l’OCP. L’entreprise s’est désengagée de ses obligations, laissant place à des entreprises de sous-traitance qui ont permis aux retraités de l’OCP de reprendre du service, privant ainsi les jeunes de l’accès au monde du travail, alors qu’ils sont censés être le moteur du développement.
Depuis plus de 14 ans (2011-2025), le droit à l’emploi est ignoré, avec des tensions et des affrontements depuis le “mardi noir” du 15 mars 2011, suivis de manifestations, d’arrestations et de procès. Pendant cette période, Khouribga a connu une crise aiguë, les enfants des retraités et des défunts réclamant leur droit au travail conformément à la loi sur les mines et aux dispositions de l’article 6 du Code des utilisateurs de l’OCP, stipulant la priorité d’emploi pour les descendants des agents licenciés ou décédés en service, et les enfants des retraités. L’OCP a alors annoncé le programme “OCP Skills” axé sur l’emploi, la formation et l’accompagnement des porteurs de projets, désormais remplacé par le programme “Act4Community”.
La situation dégradée créée par l’administration de l’OCP et les autorités locales nourrit jour après jour la haine sociale et la perte de confiance envers les institutions étatiques censées protéger les droits des citoyens. La situation des enfants des retraités de l’OCP est une preuve tangible du fossé entre le discours officiel trompeur et la réalité désespérante de cette catégorie. L’administration de l’OCP tente de se soustraire à l’embauche de nouveaux travailleurs, suivant un plan orchestré par des entités étrangères, dont le FMI et l’OMC, visant à réduire le nombre de travailleurs au maximum. Des délégations étrangères visitent les sites de production pour rationaliser les coûts, mais en réalité, cela prépare le terrain pour des entreprises étrangères et locales pour sous-traiter certaines tâches.
Depuis que l’OCP a transféré certaines de ses tâches à des entreprises de sous-traitance (Ancy Maroc, Clonet, Data, SMESI/REGIE, etc.), elle a fermé ses portes à l’embauche directe, opérant selon un cahier des charges. Ces entreprises de sous-traitance sont perçues par les travailleurs comme des façades pour la gestion des salaires, sans véritable pouvoir de décision en matière d’embauche ou de licenciement, et sont considérées comme des moyens de contourner les droits des travailleurs.
L’administration de l’OCP devrait adopter une politique populaire en matière d’emploi et être une entreprise citoyenne contribuant activement au développement humain intégré dans son environnement socio-économique. La justice sociale et l’exploitation équitable des ressources du pays exigent que les jeunes bénéficient du droit à l’emploi et à une vie décente, sans se sentir étrangers dans leur propre pays.
La marginalisation de la région a entraîné des phénomènes tels que l’émigration clandestine et l’augmentation des suicides, ainsi que la prolifération de la mendicité et du commerce illégal (drogues, alcools, etc.), notamment à Oued Zem et Jemaa Oulad Abdoun. L’absence d’usines et de projets financés par l’OCP ou les autorités locales aggrave la situation de chômage. Les entreprises de sous-traitance chargées des projets de l’OCP refusent d’employer les jeunes de Khouribga, bien que leurs cahiers des charges devraient stipuler l’embauche de 50% de la population locale.
L’OCP, étant une entreprise majeure dans le domaine de l’emploi au Maroc, devrait prioriser le développement des compétences des jeunes des régions où elle opère, en les formant et en soutenant leurs projets par des aides techniques et financières. Il est également nécessaire d’encourager les jeunes entrepreneurs locaux à obtenir des contrats avec l’OCP, malgré les obstacles techniques souvent rencontrés lors des appels d’offres électroniques.
Les jeunes de Khouribga, lorsqu’ils se présentent à des examens nationaux, sont discriminés en raison de leur origine, étant perçus comme des candidats du “Q/Q ou QA” (Khouribga), augmentant ainsi leur frustration due à l’absence d’opportunités d’emploi dans la région.
L’exploitation excessive des ressources en eau et en environnement par l’OCP à Khouribga nécessite une réhabilitation des sites d’extraction pour protéger l’environnement, en évitant la pollution de l’air et de l’eau et en plantant des arbres pour maintenir l’équilibre écologique.
L’OCP, une entreprise d’État, transporte la majeure partie du phosphate extrait par train et pipeline souterrain jusqu’aux installations de transformation à Jorf Lasfar, à une distance de 187 km, avec des avantages logistiques et environnementaux notables, comme la réduction de la consommation d’eau et des émissions de CO2.
L’OCP a également mis en place des stations de traitement des eaux usées pour réutiliser l’eau dans les processus de lavage du phosphate, contribuant ainsi à la gestion durable de l’eau. Le pipeline entre Khouribga et Jorf Lasfar, le plus long au monde, permet de transporter du phosphate avec une économie substantielle en eau et en énergie.
L’OCP s’engage à utiliser des ressources en eau non conventionnelles, visant à ne plus dépendre de l’eau douce d’ici 2026, et prévoit de couvrir 100% de ses besoins en eau par des sources non conventionnelles d’ici 2030.
Le phosphate, représentant une part significative des revenus de l’État, contribue à l’équilibre de la balance des paiements et peut servir de levier stratégique. En dépit des défis économiques actuels, l’augmentation des prix du phosphate sur les marchés mondiaux a permis au Maroc de bénéficier de recettes record, atteignant 105 milliards de dirhams (MMDH) pour l’année 2025 . Ces recettes devraient aider à financer les subventions pour les produits de base et à équilibrer le budget de l’État.
Le groupe OCP continue de démontrer une performance solide avec des revenus en hausse, malgré une baisse des prix des produits phosphatés par rapport aux niveaux exceptionnels de 2022. Le groupe a réussi à maintenir sa compétitivité grâce à des initiatives efficaces de contrôle des coûts et à une stratégie d’approvisionnement en matières premières bien pensée.
Selon le journal américain “The Northern Miner”, le Maroc est capable de répondre aux besoins mondiaux en phosphate pour les 700 prochaines années, grâce à ses réserves importantes et à l’utilisation de technologies de pointe pour réduire les coûts de production. Cependant, le contraste entre les revenus générés par le phosphate et la précarité des agriculteurs marocains, incapables d’acheter des phosphates pour leurs terres, suscite des interrogations.
L’OCP a récemment réussi à émettre de nouvelles obligations internationales d’une valeur de 53 milliards de dirhams, témoignant de la confiance des investisseurs dans la solidité financière du groupe. Ces fonds devraient soutenir les projets de développement de l’OCP et renforcer sa position sur le marché mondial du phosphate.
Leave a Comment

لن يتم نشر عنوان بريدك الإلكتروني. الحقول الإلزامية مشار إليها بـ *


Comments Rules :

عدم الإساءة للكاتب أو للأشخاص أو للمقدسات أو مهاجمة الأديان أو الذات الالهية. والابتعاد عن التحريض الطائفي والعنصري والشتائم.


Breaking News

We use cookies to personalize content and ads , to provide social media features and to analyze our traffic...Learn More

Accept