Chouaib Sahnoun
Samedi à Rabat, la capitale s’est transformée en forteresse policière. Une manifestation pacifique, initiée par de jeunes Marocains réclamant des réformes urgentes du système éducatif et sanitaire, a été brutalement empêchée. Résultat : plus de 70 arrestations, selon l’Association marocaine des droits de l’homme (AMDH)
Un important dispositif sécuritaire a quadrillé les abords du Parlement, empêchant tout rassemblement. Malgré cette démonstration de force, des jeunes ont tenté de faire entendre leur voix en scandant des slogans. Ils ont aussitôt été dispersés, certains arrêtés, puis relâchés après audition. Les autorités, quant à elles, gardent le silence et n’ont pas confirmé le nombre exact d’interpellations
Derrière cette mobilisation se trouve « Genz212 », un collectif de jeunes qui avait lancé des appels à manifester dans plusieurs villes, de Rabat à Casablanca, en passant par Tanger et Meknès. Leurs revendications : un système éducatif digne, une santé publique accessible et des opportunités pour la jeunesse. Autant de droits fondamentaux que le gouvernement semble ignorer, préférant déployer des policiers plutôt que des solutions
Cette colère populaire n’est pas isolée. Le même jour, des étudiants ont exprimé leur opposition au projet de loi 59.24, perçu comme une tentative de démanteler la gratuité de l’enseignement supérieur et de pousser l’université publique vers la privatisation
Face à ces mobilisations, certains observateurs parlent d’une « indignation numérique » plus que d’un mouvement organisé. Mais qu’importe l’étiquette : elle traduit un malaise profond, un rejet croissant d’un gouvernement qui étouffe le débat public au lieu d’écouter sa jeunesse
Au lieu d’entendre les cris d’alarme, le pouvoir choisit la répression et l’aveuglement. Or, une société qui refuse d’écouter sa jeunesse, c’est une société qui se condamne elle-même à l’immobilisme et au désespoir
