
Chouaib Sahnoun
La vraie question n’est pas qui tue, mais quelle idée tue. Derrière chaque attentat, chaque menace, chaque discours de haine, il y a la même matrice : une idéologie qui prétend détenir la vérité absolue et qui considère le reste de l’humanité comme une menace à éliminer
Au Maroc, cette idéologie a pris le visage du Parti de la justice et du développement (PJD). Pendant des années, il a prétendu gouverner « autrement », avec la morale religieuse pour boussole. En réalité, il a méprisé ses adversaires, transformé le débat politique en invective, et laissé croire que la démocratie pouvait être remplacée par une vérité unique
En 2021, les Marocains ont sanctionné ce double discours : le PJD a été balayé des urnes. Mais son chef continue de menacer, jusqu’à évoquer la rupture du pacte d’allégeance à la monarchie. C’est la vieille recette de la taqiya : se présenter comme modéré jusqu’à ce qu’on se sente assez fort pour tout renverser
En Égypte, les Frères musulmans ont cru qu’une victoire électorale suffisait à imposer leur agenda. Ils ont vite découvert que monopoliser l’État en prétendant agir, au nom de Dieu , mène à une fracture brutale. Résultat : un coup d’État militaire, la répression, la prison, et la société plus polarisée que jamais
En Iran, l’islam politique est allé jusqu’au bout : il est devenu l’État. Depuis 1979, un clergé tout-puissant s’arroge le droit de décider du destin de millions de citoyens. Le coût est immense : répression féroce, libertés confisquées, jeunesse bâillonnée. Voilà ce qu’entraîne un pouvoir religieux absolu : une société étouffée sous la chape de plomb d’une idéologie figée
En Afghanistan, pas d’élections, pas de façade. Les talibans ont repris Kaboul par la force en 2021. Et avec eux, les droits des femmes se sont effondrés, la peur est revenue, et le pays s’est coupé du monde. Quand la kalachnikov dicte la loi, c’est la civilisation entière qui recule de plusieurs siècles
Quatre modèles, un seul poison
Maroc : islamisme électoral sanctionné par les urnes
Égypte : islamisme de masse brisé par l’armée
Iran : islamisme révolutionnaire devenu système d’État
Afghanistan : islamisme armé imposé par la violence
Différents chemins, même objectif : imposer l’uniformité religieuse et étouffer la pluralité
Le Maroc a résisté grâce à la solidité de sa monarchie et à des institutions qui tiennent debout. Mais l’extrémisme prospère dans les fissures : chômage, inégalités, frustration, médias toxiques. Ce terrain fertile nourrit des « ratés » de la société, auxquels les discours fanatiques offrent une revanche imaginaire
Face à ce danger, trois réponses s’imposent
Sécurité ferme contre toute dérive violente
Éducation civique pour démasquer les mensonges des extrémistes
Inclusion économique et sociale pour couper l’herbe sous le pied des recruteurs
L’extrémisme n’est pas une opinion, c’est une machine à fabriquer la haine. Le laisser prospérer, c’est laisser grandir une bombe à retardement. La bataille qui se joue n’oppose pas l’Orient à l’Occident, ni une religion à une autre. Elle oppose la civilisation moderne , faite de pluralité, de progrès et de liberté ,aux hordes passéistes incapables de s’adapter au monde
La question n’est pas qui a tué hier, mais quelle idée tue aujourd’hui. Et cette idée, partout la même, porte un nom : l’extrémisme





