Chouaib Sahnoun
À en croire le chef du gouvernement, les Marocains devraient se sentir comblés : progrès économiques, programmes sociaux, infrastructures modernes… autant d’arguments avancés pour démontrer que la société avance dans la bonne direction. Mais dans les rues, au marché, dans les foyers, le discours semble sonner creux. Le contraste entre la rhétorique officielle et le vécu quotidien saute aux yeux
Un micro-trottoir suffirait à mesurer ce décalage. Cependant, ce type de témoignages ponctuels ne saurait refléter toute la complexité du moral des ménages. Les enquêtes périodiques sur la confiance des foyers, menées par le Haut-Commissariat au Plan, révèlent une réalité plus nuancée : une population divisée entre résilience et lassitude, entre espoir et désillusion
Depuis la crise du Covid-19, les signaux d’un malaise collectif se multiplient. Inflation persistante, chômage structurel, logement inaccessible, services de santé sous pression : autant de plaies sociales qui alimentent un sentiment diffus de découragement. Nombre d’analystes parlent même d’une « dépression nationale », où l’accumulation des frustrations pèse lourdement sur le moral
Dans ce contexte, le football, jadis exutoire et ciment de l’unité nationale, ne joue plus qu’un rôle palliatif. Les victoires sportives procurent certes des bouffées d’enthousiasme, mais elles restent éphémères et ne compensent pas l’absence de réponses concrètes aux défis quotidiens
Comme le dit l’adage, « l’argent ne fait pas le bonheur, mais il y contribue ». Repenser les politiques salariales, contenir la flambée des prix et renforcer le pouvoir d’achat apparaissent aujourd’hui comme des conditions essentielles pour restaurer la confiance et rendre le sourire aux citoyens. Sans cela, le discours optimiste des dirigeants risque de rester un simple exercice de communication, déconnecté de la réalité vécue