Chouaib Sahnoun
Un simple séjour de vacances s’est transformé en cauchemar absolu. Une femme d’une quarantaine d’années, venue profiter du soleil d’Agadir en famille, a trouvé la mort dans des circonstances aussi absurdes qu’inacceptables : le balcon de sa chambre s’est effondré sous elle, quelques heures à peine après son arrivée
L’hôtel, pourtant classé et affichant des prix dignes des plus grands établissements de la baie, présentait visiblement des signes flagrants de délabrement. Selon les premières constatations, la rambarde du balcon, rongée par la rouille, n’a pas résisté au simple appui de la cliente. Le choc a été fatal, malgré l’intervention rapide mais impuissante des secours
Ce drame met cruellement en lumière une réalité trop souvent occultée dans le secteur du tourisme marocain : le manque flagrant de contrôles rigoureux sur la sécurité des infrastructures. Pire encore, les enquêteurs ont découvert que plusieurs autres balcons de l’hôtel présentaient le même niveau de dangerosité, dans l’indifférence totale de ses propriétaires
Comment un tel établissement peut-il continuer à accueillir des clients, appliquer des tarifs élevés et se targuer d’être “classé”, sans respecter les normes élémentaires de sécurité ? La réponse, tragiquement simple, réside dans l’absence de contrôles efficaces , ou plutôt, dans l’existence de contrôles de façade, souvent annoncés à l’avance, et rarement suivis de sanctions
Ce drame dépasse la simple négligence. Il symbolise un laisser-aller général, dans un secteur censé refléter l’image d’un pays tourné vers l’avenir. Comment parler de “Maroc destination mondiale” ou prétendre accueillir des événements internationaux, lorsque même les fondations physiques de l’hospitalité sont délabrées
Loin d’être un cas isolé, cette affaire reflète une tendance inquiétante : celle d’un tourisme trop souvent livré aux logiques de rentabilité immédiate, au détriment de la sécurité, du respect des normes et de la dignité des visiteurs
À l’heure où le Maroc ambitionne d’attirer des millions de visiteurs et de se positionner comme une référence régionale en matière d’accueil touristique, un aggiornamento est devenu impératif. Il ne s’agit pas seulement de réformer, mais de moraliser. Il est temps de mettre fin à l’impunité de certains opérateurs peu scrupuleux, et d’exiger des contrôles réels, inopinés, indépendants, centrés sur la sécurité humaine avant tout
La mémoire de cette touriste ne doit pas être réduite à un simple fait divers. Elle doit être le déclencheur d’un sursaut national, pour qu’aucun séjour au Maroc ne se termine plus jamais dans un drame aussi absurde que prévisible
