Quand la religion sert le patriarcat : le discours dangereux de Benkirane sur les femmes

17 يوليو 2025
Quand la religion sert le patriarcat : le discours dangereux de Benkirane sur les femmes

 

Chouaib Sahnoun
Dans un Maroc en pleine mutation, où les débats autour de l’égalité des sexes, de l’éducation et des droits civiques se veulent porteurs de progrès, Abdelilah Benkirane, ancien chef de gouvernement et leader du Parti de la Justice et du Développement (PJD), ravive une fracture sociale que l’on croyait en voie de résorption. Ses récentes déclarations sur la place des femmes dans la société ont provoqué une onde de choc bien au-delà des cercles féministes.
Devant une assemblée partisane, Benkirane n’a pas hésité à affirmer que le mariage serait “la seule voie” vers une vie décente pour les jeunes femmes, sous-entendant que l’éducation ou l’émancipation professionnelle ne seraient que des options secondaires, voire inutiles. Ce discours, daté, nostalgique d’un ordre social révolu, s’inscrit en opposition totale avec les aspirations d’une jeunesse marocaine qui croit en l’égalité des chances, qu’elle soit fille ou garçon.
Plus de 30 associations féministes, réunies au sein de la Coordination pour la réforme du Code de la famille, ont réagi avec fermeté, qualifiant les propos de Benkirane de  “rétrogrades, archaïques et dangereux “. Dans leur communiqué publié récemment, elles dénoncent une tentative claire de remettre en cause les acquis que des décennies de luttes, de réformes et de politiques publiques ont permis de garantir : le droit des filles à l’éducation, leur autonomie, leur dignité.
Au-delà d’un simple avis, c’est toute une vision du rôle des femmes que Benkirane cherche à imposer. Une vision où la femme est cantonnée à l’espace domestique, dépendante d’un mari pour exister socialement. Une vision qui rappelle tristement celle de certains prêcheurs qui utilisent la religion non pour élever les consciences, mais pour asseoir une domination patriarcale.
Les signataires du communiqué vont plus loin en parlant de”faillite intellectuelle et morale”, accusant l’ancien chef du gouvernement de banaliser des pratiques graves telles que le mariage précoce, voire l’exploitation des mineures. Le danger ne réside pas seulement dans ce qu’il dit, mais dans l’influence qu’il exerce encore sur une frange conservatrice de la société, prête à voir dans ses paroles une vérité religieuse ou morale.
En instrumentalisant la religion pour prôner un ordre social inégalitaire, Benkirane trahit non seulement l’esprit des réformes entreprises depuis des années, mais aussi les valeurs fondamentales d’un État de droit moderne, où chaque citoyen, quelle que soit sa condition ou son genre, a droit à la liberté, à l’éducation et à l’émancipation.
La Coordination féministe appelle à une mobilisation générale : des parents, pour défendre l’éducation de leurs filles ; des élites culturelles et politiques, pour condamner sans ambiguïté ce type de discours ; et de l’État, pour continuer à protéger les droits des femmes et accélérer la réforme du Code de la famille, qui reste encore marqué par des inégalités structurelles.
Car au fond, il ne s’agit pas simplement de répondre à Benkirane. Il s’agit de choisir dans quelle société nous voulons vivre : une société figée dans des traditions instrumentalisées au nom de la religion, ou une société où chaque fille peut rêver, apprendre, travailler et choisir librement son avenir.

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