Chouaib Sahnoun
À Rabat, le gouvernement enclenche un nouveau tournant dans la réforme des retraites, réunissant partenaires sociaux, ministres et experts pour poser les bases d’un système plus équitable et durable. Mais les attentes restent vives, surtout du côté des retraités
Le jeudi 17 juillet 2025, le Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, a présidé une réunion décisive de la Commission nationale de suivi du dossier des retraites. Ce rendez-vous s’inscrit dans la continuité des engagements issus du dialogue social et vise à refonder un système en perte d’équilibre. Objectif : définir, de manière concertée, un plan de réforme global, juste et pérenne
Dès l’ouverture de la séance, le Chef du gouvernement a salué les avancées précédentes en matière de dialogue social, notamment l’amélioration des revenus et du pouvoir d’achat des travailleurs. Il a insisté sur la nécessité de capitaliser sur cet “intelligence collective” pour façonner une réforme participative qui respecte les droits des actifs, des retraités, et renforce la compétitivité des entreprises
Akhannouch a souligné que la réforme ne pouvait aboutir que grâce à une approche basée sur la confiance, l’écoute et la coresponsabilité. L’État s’engage ainsi à une démarche participative qui concilie justice sociale et équilibre financier des caisses de retraite, dans l’objectif d’assurer la paix sociale à long terme
La ministre de l’Économie et des Finances, Nadia Fettah Alaoui, a présenté un exposé complet sur l’état des lieux des différents régimes de retraite. Ce bilan a mis en lumière les déséquilibres démographiques et financiers préoccupants, qui menacent la viabilité des systèmes actuels. Elle a également proposé les grands principes et la méthodologie devant structurer les négociations futures
Pour traduire cette volonté politique en propositions concrètes, une commission technique a été mise en place. Elle rassemble des représentants des syndicats, du patronat, des ministères concernés et des caisses de retraite. Sa mission : élaborer un projet de réforme cohérent, inclusif et soutenable
Ont participé à cette réunion les principaux partenaires sociaux et économiques du pays, notamment
L’UMT, conduite par Miloudi Moukharik
L’UGTM, représentée par Naam Miyara
La CDT, via son premier secrétaire Khalid Hoyer Alami
La CGEM, dirigée par Chakib Alj
La COMADER, emmenée par Rachid Benali
Étaient également présents les directeurs des principales caisses : CNSS, CMR, CIMR, RCAR, ainsi que des responsables du ministère du Budget
Si le gouvernement insiste sur la volonté de dialogue, les réactions sur le terrain sont plus contrastées. Les commentaires publiés reflètent l’impatience croissante des retraités
“Ce qu’on veut savoir, c’est : y aura-t-il une augmentation ou pas ?”, écrit un lecteur
“Vos réunions ne nourrissent personne. Quelles décisions concrètes pour les anciens travailleurs ?”, déplore un autre
“Nous avons servi le pays, aujourd’hui nous vivons avec des pensions indécentes…”, témoigne une retraitée
La crainte exprimée par beaucoup : voir la réforme pénaliser les futurs retraités (hausse de l’âge légal, baisse des taux de remplacement, augmentation des cotisations) sans rien apporter aux retraités actuels qui peinent à survivre
Le processus est lancé, les intentions sont affichées, les partenaires mobilisés. Reste à transformer cette dynamique en mesures concrètes capables de répondre aux urgences sociales. Car au-delà des projections techniques et des ratios démographiques, la question centrale reste humaine : offrir aux retraités marocains une vieillesse digne
