Chouaib Sahnoun
À Khouribga, l’eau est devenue un bien rare… et parfois introuvable. Depuis plusieurs semaines, les coupures ne durent plus quelques heures, mais dépassent régulièrement les 72 heures consécutives. Un calvaire qui oblige certains habitants à parcourir de longues distances pour remplir quelques bidons, tandis que d’autres, notamment dans les étages élevés, ne voient même plus une goutte couler de leurs robinets
En pleine saison estivale, alors que les températures dépassent les 40 °C, la situation vire à la crise sanitaire. Sur les réseaux sociaux, la colère gronde : vidéos, photos et témoignages décrivent des quartiers entiers plongés dans la soif, des familles contraintes de limiter leurs activités quotidiennes, et des commerces impactés par l’absence d’eau
“Obtenir un seau d’eau est devenu un luxe “, témoigne un habitant, déplorant que les coupures surviennent sans préavis fiable et que les durées annoncées soient largement dépassées
Les associations locales pointent du doigt la vétusté du réseau. Selon Souhail Bazzari, militant des droits humains, une récente visite de terrain dans la région de Tadla, principale source d’eau de Khouribga et Oued Zem ,a révélé des fuites importantes et récurrentes sur les conduites principales
“Pour réparer, on coupe l’eau… mais sans plan B pour les habitants”, dénonce-t-il. L’Association des droits de l’homme affirme avoir reçu un flot de plaintes cet été, accusant l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE) de sous-estimer la gravité de la crise dans ses communiqués officiels
De son côté, l’ONEE explique que les perturbations récentes sont liées à une fuite majeure sur la conduite principale reliant le barrage Aït Massoud à Khouribga. La panne serait intervenue en pleine vague de chaleur et au moment d’un pic de consommation, aggravant les difficultés
L’Office assure que ses équipes, avec l’appui d’une entreprise sous-traitante, sont intervenues rapidement pour réparer la conduite et rétablir l’approvisionnement. Il rappelle que l’eau de la ville provient d’un réseau combinant eaux de surface (barrage Aït Massoud) et eaux souterraines (forages de Fqih Ben Salah), sur une distance de 80 km et quatre stations de pompage
Pour les habitants, l’heure n’est plus aux explications techniques mais à l’action concrète. Les demandes sont claires
Réparer durablement le réseau et éliminer les fuites
Mettre en place un plan d’entretien régulier
Créer des réservoirs de secours pour éviter de nouvelles coupures prolongées
À défaut, préviennent-ils, la crise de soif pourrait se transformer en crise sociale dans une région déjà fragilisée par le chômage et la chaleur extrême