Chouaib Sahnoun
À Tanger, Rabat, Casablanca ou encore Marrakech, les jeunes Marocains de la génération Z ont renoué samedi avec la contestation, après plus d’une semaine d’accalmie. Leur message : la colère sociale n’est pas éteinte, malgré le discours royal du 10 octobre.
Sous les cris et les pancartes, une marée de jeunes a de nouveau envahi les places publiques. Après une courte pause de dix jours, les manifestations ont repris dans plusieurs villes du royaume. Ces jeunes, souvent étudiants ou précaires, réclament des réformes profondes dans l’éducation, la santé et l’emploi , trois secteurs qu’ils estiment abandonnés par les élites politiques.
« Cette manifestation vise à unifier nos rangs et à envoyer un message clair aux autorités », explique Reda, un jeune manifestant. « Nous avons fait une pause, mais notre détermination reste intacte. Nous voulons des solutions concrètes, pas seulement des promesses. Nos sacrifices quotidiens doivent enfin avoir un sens. »
Le roi Mohammed VI, dans son discours d’ouverture du Parlement le 10 octobre, a reconnu l’existence d’inégalités régionales et de déséquilibres dans le développement. Mais il n’a pas évoqué explicitement le mouvement de la génération Z, suscitant des réactions contrastées.
Certains y ont vu une écoute implicite du souverain ; d’autres, au contraire, ont dénoncé un silence qui trahit l’incompréhension du pouvoir face aux aspirations d’une jeunesse en quête de dignité et de liberté.
« Il est trop tôt pour dire si ce mouvement aboutira, estime Naji, un autre manifestant. La politique change vite, mais ce qui est sûr, c’est que les jeunes veulent être entendus. Ils ne veulent plus subir. »
L’emploi, l’accès à une éducation de qualité et à des soins de santé dignes restent les revendications phares. Le souverain a insisté, dans son allocution, sur la complémentarité entre grands projets nationaux et programmes sociaux, censés améliorer la qualité de vie dans toutes les régions du royaume. Mais pour beaucoup, les promesses de développement ne suffisent plus à calmer la frustration d’une génération qui se sent laissée pour compte.
« On veut juste vivre dignement dans notre propre pays », résume une jeune femme brandissant un drapeau marocain.
Les rassemblements pacifiques de samedi laissent entrevoir un mouvement en quête de structuration, mais aussi une génération décidée à ne plus se taire ,celle qui, connectée, éduquée et informée, veut désormais peser sur l’avenir du Maroc.
Maroc : la génération Z redescend dans la rue, entre désillusion et espoir
