Chouaib Sahnoun
Lors de sa première prise de parole après la vague de manifestations menées par la jeunesse marocaine, Aziz Akhannouch s’était affiché comme un dirigeant disposé au dialogue avec la génération Z. Mais l’illusion n’aura duré qu’un instant. Vingt-quatre heures plus tard, l’exécutif tourne casaque et choisit la voie la plus étroite : celle de l’interdiction et de la répression silencieuse.
Par une circulaire expédiée par le ministère de l’Éducation nationale, les élèves sont désormais contraints de rester enfermés dans l’enceinte de leurs établissements, entre midi et 14 heures et durant toutes les heures creuses.
Officiellement, l’argument est social : il s’agirait de lutter contre l’abandon scolaire et de protéger les plus vulnérables. Mais en réalité, la manœuvre respire la panique politique. Car ce qui inquiète le gouvernement, ce ne sont pas les absences, mais bien les attroupements de jeunes devant les lycées, devenus foyers de contestation et d’expression citoyenne.
Ce choix n’est pas neutre : il dit tout d’un pouvoir crispé, qui préfère les murs aux mots, les consignes aux conversations, la discipline sèche à la pédagogie. Plutôt que de lancer un programme ambitieux de dialogue, de citoyenneté active et d’éducation civique, le gouvernement répond par des grilles verrouillées et une logique carcérale.
Cette circulaire n’est pas un simple détail administratif ; elle révèle un exécutif tétanisé par la montée en puissance de la GenZ. Protéger les jeunes est une nécessité, préserver l’ordre également. Mais l’ordre imposé sans compréhension ni accompagnement se transforme en enfermement et en rejet.
Un État fort n’est pas celui qui craint sa jeunesse, mais celui qui la nourrit d’idées, de culture et de confiance. C’est ainsi que l’on bâtit l’avenir d’un pays.
L’histoire l’a prouvé maintes fois : une jeunesse qu’on écoute devient une richesse nationale. Une jeunesse qu’on enferme devient un miroir cruel, révélant toutes les fragilités d’un pouvoir qui n’a pas su lui donner de place.
Akhannouch enferme la jeunesse : la circulaire de la peur
