Maroc 2030 : faut-il une Coupe du monde pour bien faire

22 سبتمبر 2025
Maroc 2030 : faut-il une Coupe du monde pour bien faire

 

 

Chouaib Sahnoun
À quatre ans de l’échéance, le Maroc vit déjà au rythme du Mondial 2030, qu’il coorganise avec l’Espagne et le Portugal. Les grues s’agitent, les chantiers s’accélèrent, et l’opinion publique s’interroge : le Royaume n’aurait-il pas pu organiser seul cette compétition planétaire ? Les délais tenus, les financements mobilisés et les projets livrés à une vitesse record alimentent le sentiment qu’un Maroc ambitieux et efficace existe bel et bien , mais qu’il n’apparaît qu’à la faveur d’événements d’exception
Le stade de Rabat, reconstruit en un temps record de dix-huit mois au lieu des trente-six, habituellement nécessaires, illustre cette démonstration de force. Un « Maroc des possibles » prend forme, capable de rivaliser avec les standards internationaux lorsqu’il se donne les moyens et la discipline de l’action. Mais derrière cette réussite spectaculaire demeure une question de fond : pourquoi ce pays, capable de miracles en mode accéléré, retombe-t-il souvent dans la lenteur, l’improvisation et le laisser-faire dès que la pression internationale s’estompe
Car le Mondial ne se joue pas seulement sur le béton et l’acier. Les infrastructures impressionnent, mais les mentalités, elles, ne se reconstruisent pas en dix-huit mois. Le civisme, la gouvernance, la rigueur budgétaire, l’entretien des équipements et la qualité du service public constituent des défis autrement plus complexes. L’enthousiasme suscité par la Coupe du monde ne doit pas masquer le véritable test : la capacité du Maroc à généraliser cette exigence dans l’école, la santé, les transports du quotidien, l’administration ou encore la justice
Derrière les projecteurs, une évidence s’impose : il n’aurait pas fallu attendre l’échéance FIFA pour prouver de telles compétences. Ce volontarisme, cette efficacité et cette transparence auraient dû irriguer l’action publique bien avant 2030. Gouverner, ce n’est pas seulement bâtir des stades ou accueillir des stars du ballon rond, c’est aussi garantir aux citoyens des services à la hauteur de leurs attentes
Au terme de ce cycle, le bilan devra être implacable : le Maroc aura-t-il réellement changé, ou se sera-t-il contenté d’un lifting médiatique pour briller un été durant ? Les indicateurs devront être clairs : coûts réels, respect des délais, empreinte sociale, bénéfices économiques, impact territorial. À ce prix seulement, la vitrine sportive pourra se transformer en héritage durable
Sinon, le Mondial 2030 restera un exploit éphémère, une vitrine sans arrière-boutique. Le vrai défi du Maroc n’est pas de construire des stades, mais de bâtir un modèle de gouvernance qui fonctionne tous les jours de l’année ,avec ou sans Coupe du monde

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