Le vernis craque face à la misère et le gouvernement détourne le regard

9 أغسطس 2025
Le vernis craque face à la misère et le gouvernement détourne le regard

 

Chouaib Sahnoun
Alors que le Maroc se prépare à accueillir la Coupe du monde 2030 aux côtés de l’Espagne et du Portugal, une réalité bien plus dérangeante que les stades ou les hôtels de luxe s’impose dans les rues : une explosion de la mendicité et de l’errance qui ternit déjà l’image du pays. Clochards, enfants exploités, femmes aux carrefours, personnes atteintes de troubles mentaux ou d’addictions abandonnées à leur sort… Le Maroc avance à grands pas vers le Mondial, mais laisse derrière lui une frange entière de sa population dans une détresse indigne.
Le plus choquant n’est pas la présence de la misère , universelle ,mais le laxisme flagrant du gouvernement face à ce fléau. Les chiffres ? Absents. Les politiques de réinsertion ? Inexistantes ou anecdotiques. Les réponses institutionnelles ? Dispersées, timides, improvisées. Il ne suffit pas d’ériger des enceintes sportives flambant neuves pour impressionner le monde. Encore faut-il que les trottoirs des villes hôtes ne soient pas jonchés de corps errants, de regards vides et de visages d’enfants instrumentalisés pour attendrir… et pour survivre.

Ce n’est plus seulement de pauvreté qu’il s’agit, mais parfois d’une économie de la mendicité, orchestrée et cyniquement rentable. À Casablanca, Rabat, Tanger ou Fès, partout…des scènes se répètent : des enfants vendant des mouchoirs ou des fleurs, souvent envoyés par des adultes dissimulés à quelques mètres. Des handicapés  loués  pour attendrir les automobilistes. Des personnes âgées livrées à la rue faute d’abris spécialisés. Ce commerce de la misère prospère au vu et au su de tous, parce que l’État l’autorise par son inaction

Certes, quelques associations font un travail admirable. Mais à elles seules, elles ne peuvent pas pallier l’absence d’une véritable stratégie nationale intégrée. Là où il faudrait des centres d’accueil, des structures de soins psychologiques, des unités mobiles, des mesures coercitives encadrées par la loi… on trouve surtout de l’indifférence, des discours creux et une impréparation honteuse
Pire : la passivité gouvernementale devient complice de la déshumanisation. Les élus locaux manquent de moyens, et les responsables nationaux semblent plus préoccupés par l’organisation de cérémonies protocolaires que par l’urgence sociale. Des zones comme les péages autoroutiers deviennent des scènes de mendicité massive, en plein danger pour les mendiants comme pour les automobilistes. Silence radio des ministères concernés

À cinq ans de l’échéance, le compte à rebours ne concerne pas que les infrastructures sportives. Il concerne aussi la capacité du Maroc à montrer un visage digne, humain et responsable. Or, pour l’instant, le visage qui se profile est celui d’un pays incapable d’affronter sa misère, préférant la cacher sous le tapis rouge du Mondial

A force de maquiller la pauvreté plutôt que de la combattre, le gouvernement prend un risque immense. Celui de voir, en 2030, des caméras internationales braquées non pas sur les stades, mais sur les marges de la société marocaine ,où la misère aura été laissée en jachère, faute de courage politique
Ce n’est pas le Maroc des stades qu’il faut réussir. C’est le Maroc des trottoirs

Leave a Comment

لن يتم نشر عنوان بريدك الإلكتروني. الحقول الإلزامية مشار إليها بـ *


Comments Rules :

عدم الإساءة للكاتب أو للأشخاص أو للمقدسات أو مهاجمة الأديان أو الذات الالهية. والابتعاد عن التحريض الطائفي والعنصري والشتائم.


Breaking News

We use cookies to personalize content and ads , to provide social media features and to analyze our traffic...Learn More

Accept