Chouaib Sahnoun
La mythique gare routière Oulad Ziane, cœur battant du transport interurbain à Casablanca, a officiellement fermé ses portes le 23 juillet. Une fermeture attendue mais brutale pour certains, amorçant un vaste chantier de réhabilitation en deux phases. Objectif : transformer ce lieu emblématique en une infrastructure moderne, digne d’une métropole en pleine expansion
Depuis des années, la gare faisait l’objet de critiques : insalubrité, désorganisation, insécurité… autant de griefs qui en faisaient un véritable point noir de la ville. Pour y remédier, le Conseil de la ville a lancé un ambitieux programme de rénovation, dont les contours avaient été présentés bien avant le début des travaux, insiste Ahmed Afilal, vice-président du Conseil communal
« Il ne s’agit pas d’une fermeture soudaine comme certains l’affirment. Tous les professionnels ont été informés en amont, et le projet est connu depuis longtemps », précise-t-il
Le chantier s’articule en deux grandes étapes
Phase 1 : réaménagement de la grande esplanade des autocars (durée : 8 mois)
Phase 2 : modernisation de l’intérieur de la gare (durée : 10 mois)
Le tout pour un budget global de 80 millions de dirhams, financé par le ministère de l’Intérieur, le Conseil de la ville et le Conseil préfectoral
Si les professionnels du secteur saluent l’initiative, certains estiment qu’elle reste timide face aux enjeux. Mohamed Mitali, président du Syndicat de l’Union des fédérations nationales des chauffeurs et professionnels du transport, plaide pour une vision plus audacieuse
« Casablanca mérite mieux qu’un simple lifting. Il faut concevoir une infrastructure à la hauteur des défis actuels de la mobilité urbaine. »
Cette fermeture soudaine n’a pas été sans conséquences sociales. De nombreux courtiers ,souvent informels,se retrouvent sans emploi ni solution de remplacement. Une transition mal accompagnée, dénoncent certains acteurs du terrain
« Ces personnes travaillaient ici depuis des années. Elles se retrouvent du jour au lendemain sans revenus, sans perspectives », regrette Mitali
Un bureau modulaire provisoire a été installé à proximité pour assurer la continuité de la vente des billets, selon Yassir Menyar, vice-président de la Fédération nationale du transport routier
Ce projet, s’il est mené à bien, pourrait marquer un tournant dans la politique de mobilité à Casablanca. Mais pour qu’il réussisse pleinement, il devra conjuguer modernisation des infrastructures et prise en compte de la dimension humaine