Chouaib Sahnoun
Le front syndical marocain gronde. Réunis jeudi autour du chef du gouvernement Aziz Akhannouch et de plusieurs ministres, les principaux syndicats du pays ,la Confédération Démocratique du Travail (CDT), l’Union Marocaine du Travail (UMT) et l’Union Générale des Travailleurs du Maroc (UGTM) , ont fait bloc pour rejeter catégoriquement toute tentative de report de l’âge légal de départ à la retraite ou de diminution des pensions. Dans une même voix ferme et inquiète, ils ont dénoncé une politique ” injuste ” qui menace directement les droits durement acquis des travailleurs.
Dans un contexte marqué par une inflation persistante et une hausse vertigineuse du coût de la vie, les syndicats tirent la sonnette d’alarme. Pour eux, la situation des retraités n’est plus simplement difficile, elle est devenue “insupportable” et “inhumaine” Des milliers de retraités peinent à joindre les deux bouts, sacrifiant parfois des soins médicaux essentiels ou des besoins de base pour survivre. Les représentants syndicaux réclament avec force une revalorisation immédiate des pensions, dans les secteurs public comme privé, pour garantir un minimum de dignité à cette frange vulnérable de la population.
Face aux propositions dites ” paramétriques ” du gouvernement, allongement de la durée de cotisation, recul de l’âge de départ, baisse des prestations ,les syndicats opposent un non catégorique. ” Ce sont toujours les mêmes qui paient l’addition “, dénoncent les membres de la CDT, appelant à une réforme structurelle, solidaire et surtout socialement équitable.
Ils rappellent la responsabilité directe de l’État, notamment dans les dettes accumulées envers les caisses de retraite, et exigent une meilleure gouvernance, la création d’emplois pour élargir l’assiette de cotisations, et le respect des obligations de l’État en tant qu’employeur public, en particulier vis-à-vis de la Caisse marocaine de retraite (CMR).
La rencontre de jeudi n’a pas suffi à apaiser les tensions. En marge des discussions, la CDT a averti que toute réforme imposée de manière unilatérale déclencherait une riposte syndicale sévère. Dans un communiqué au ton sans équivoque, elle affirme rester ” mobilisée ” et prête à défendre les acquis des retraités coûte que coûte.
Le gouvernement, de son côté, tente de désamorcer la crise en promettant ” un dialogue constructif et continu “. Une commission technique devrait être mise en place dès septembre pour approfondir les échanges. Mais les syndicats préviennent déjà : si leurs revendications ne sont pas entendues, la rentrée sociale pourrait être marquée par des grèves, des manifestations et une colère populaire difficile à contenir.
le dossier des retraites est devenu une poudrière sociale. À moins d’un virage vers une réforme juste et réellement concertée, le pays risque de s’enfoncer dans une crise sociale d’ampleur.
