Transport urbain à Khouribga : un service en panne dans la capitale du phosphate

18 يونيو 2025
Transport urbain à Khouribga : un service en panne dans la capitale du phosphate

Chouaib Sahnoun
Sous un soleil implacable et une chaleur accablante, les habitants de Khouribga continuent de monter, résignés, dans des bus vétustes, mal entretenus, souvent bondés… et sans climatisation. La ligne 5, qui traverse plusieurs quartiers populaires de la ville, illustre à elle seule les nombreux manquements d’un service public essentiel, pourtant délégué à la société espagnole ALSA.
Installée à Khouribga depuis 2015, la multinationale du transport urbain s’était engagée, à travers un cahier des charges précis, à moderniser la flotte, assurer la régularité des trajets et garantir le confort des passagers. Dix ans plus tard, le constat est amer : moins de la moitié des bus promis sont réellement en circulation, des pannes régulières entravent la mobilité, et la climatisation ne fonctionne sur presque aucun véhicule, y compris en période estivale, où les températures dépassent les 40°C.
« La ligne 5, je la prends tous les jours pour aller travailler. En ce moment, c’est un sauna mobile. On suffoque, les fenêtres sont bloquées, et on n’a aucune alternative », se plaint Amine, un habitant du quartier Zitouna.
Le cahier des charges initial prévoyait la mise en service de 40 bus modernes, avec maintenance régulière et confort thermique assuré. Or, selon des sources proches de la commune, moins de 20 véhicules sont opérationnels à ce jour. Plusieurs de ces bus sont d’occasion, mal adaptés aux conditions climatiques locales, et leur entretien laisse à désirer.
Malgré des alertes répétées des usagers, des plaintes relayées sur les réseaux sociaux, et même des rapports de la Cour des Comptes pointant des lacunes similaires dans d’autres villes gérées par ALSA, les autorités locales semblent fermer les yeux. Aucune sanction n’a été annoncée, aucun audit rendu public, et la société continue d’opérer sans contrainte.
« C’est un sentiment d’abandon. On parle beaucoup d’industrialisation, de développement durable, mais ici à Khouribga, on n’arrive même pas à se déplacer dignement dans notre propre ville », s’indigne Fatima, étudiante à la faculté polytechnique.
Ce cas n’est pas isolé : dans d’autres villes marocaines (Marrakech, Rabat, Agadir), ALSA est régulièrement critiquée pour le non-respect de ses engagements contractuels, l’usage excessif de bus d’occasion, et une implication financière faible. La Cour des Comptes avait déjà dénoncé en 2023 un modèle de gestion déséquilibré, dans lequel les collectivités locales financent les infrastructures sans pouvoir réel de contrôle sur la qualité du service.
À Khouribga, aucune annonce n’a été faite à ce jour quant à une résiliation du contrat ou une renégociation des termes. Le sentiment d’impunité domine, tandis que la population paie, chaque jour, le prix de cette inaction.
Les habitants de Khouribga attendent des actes concrets de la part du Conseil communal, du ministère de l’Intérieur et du ministère du Transport. Il est temps de mettre fin à la complaisance et de rappeler à ALSA ses obligations légales.
Parce que le droit à un transport public digne, régulier et confortable n’est pas un luxe. C’est une nécessité.

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