Médecins absents : 15 septembre, le jour du clash annoncé

19 أغسطس 2025
Médecins absents : 15 septembre, le jour du clash annoncé

 

Chouaib Sahnoun
Le ministère de la Santé et de la Protection sociale a sorti l’artillerie lourde. Dans une circulaire signée par le ministre Amine Tahraoui, un ultimatum a été adressé aux jeunes médecins spécialistes des promotions 2023 et 2024 : s’ils ne rejoignent pas leurs postes avant le 15 septembre 2025, ils s’exposent à des sanctions sévères
Concrètement, cela signifie abandon de poste, suspension de salaire et exclusion de toute mobilité interne. Une épée de Damoclès qui plane sur des centaines de praticiens, sommés d’obéir ou de voir leur carrière compromise
Si le ministère parle de « discipline » et de « continuité du service public », de nombreux médecins dénoncent une réalité bien différente
Affectations lointaines, parfois dans des zones reculées sans logement décent ni moyens logistiques
Manque de matériel et de personnel, transformant les gardes en épreuves épuisantes
Salaires jugés insuffisants, au regard du nombre d’années d’études et de la lourdeur des responsabilités
Un jeune médecin, sous couvert d’anonymat, confie
« On nous envoie dans des centres où il n’y a parfois pas d’équipement de base. Comment soigner correctement sans scanner, sans réactifs pour les analyses, ou avec un seul infirmier pour toute une région ? Ce n’est pas de la fuite de responsabilité, c’est une question de dignité professionnelle
Au cœur de ce bras de fer, ce sont les citoyens qui risquent d’être les premiers perdants. Dans certaines provinces, un seul spécialiste couvre des dizaines de milliers de personnes. Chaque médecin absent signifie des files d’attente plus longues, des trajets interminables vers les grandes villes, des urgences mal prises en charge
Fatima, 62 ans, diabétique, raconte
On m’a orientée vers un spécialiste, mais il n’était pas encore arrivé. J’ai dû aller jusqu’à la capitale régionale. Pour moi qui vis avec une petite pension, c’est un fardeau
En durcissant le ton, le ministère espère rétablir l’ordre. Mais à long terme, la méthode punitive pourrait creuser un fossé plus profond encore entre l’administration et les soignants. Certains y voient une approche autoritaire qui évite soigneusement de s’attaquer aux véritables causes
le sous-financement chronique du système de santé
l’absence d’incitations pour travailler dans les zones rurales
et l’épuisement moral des jeunes médecins, qui voient de plus en plus l’étranger comme une échappatoire
Le 15 septembre, une date symbolique.Ce jour marquera peut-être une soumission contrainte… ou l’émergence d’une contestation plus visible. Le conflit révèle en tout cas un paradoxe : le Maroc a besoin de ses médecins, mais peine à les retenir
En s’attaquant aux symptômes par des sanctions, le risque est grand que l’État ignore la maladie réelle : un système de santé à bout de souffle, où ni les praticiens ni les patients ne trouvent leur compte

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