Chouaib Sahnoun
Au début du mois d’avril, les prix affichés à la pompe au Maroc pour le gazole et l’essence sont bien plus élevés que ceux qui auraient été pratiqués si l’ancienne méthode de calcul, en vigueur avant la libéralisation de 2015, était encore appliquée. Selon cette formule antérieure, le litre de gazole aurait dû coûter au maximum 9,73 dirhams et celui de l’essence, 11,12 dirhams. Or, les prix actuels tournent autour de 11 dirhams pour le gazole et 13 dirhams pour l’essence, soit un écart de plus de deux dirhams qui suscite l’incompréhension de nombreux citoyens.
Cette situation est analysée par El Houssine Elyamani, secrétaire général du Syndicat national du pétrole et du gaz (SNPG) et président du Front national pour la sauvegarde de la raffinerie marocaine de pétrole (FNSSRP). Selon lui, la déréglementation du secteur n’a pas favorisé une véritable concurrence. Il affirme : « Le marché des hydrocarbures au Maroc n’est ni concurrentiel ni équilibré. Une minorité d’opérateurs contrôle les infrastructures de stockage et d’importation, verrouillant ainsi le circuit d’approvisionnement. » Ce déséquilibre profiterait à un nombre limité d’acteurs qui maintiennent des marges bénéficiaires élevées.
Cette flambée des prix pèse directement sur les finances des ménages, en particulier ceux aux revenus modestes, pour qui les dépenses liées au transport deviennent de plus en plus lourdes. Face à cette réalité, plusieurs organisations plaident pour une réforme du système actuel.
Parmi les propositions mises en avant figurent la fin de la libéralisation des prix et le retour à un encadrement étatique. Certains réclament également la relance de la seule raffinerie du pays, à l’arrêt depuis 2015. D’autres suggestions portent sur une refonte de la fiscalité appliquée aux produits pétroliers ainsi qu’une meilleure gestion des coûts d’importation et de distribution, afin de contenir l’inflation des prix à la pompe.