Chouaib Sahnoun
Autrefois, l’été marocain résonnait au son des youyous, des orchestres traditionnels et des festivités qui réunissaient familles et amis autour de mariages grandioses. Mais cette année, les salles de fête restent vides et l’ambiance a changé : se marier au Maroc n’est plus ce qu’il était
« C’est la pire saison que nous ayons connue », confie le vice-président de l’Union marocaine des propriétaires de salles de fêtes. Même les Marocains de l’étranger, qui faisaient vivre le secteur pendant les vacances, se font rares
Les causes s’accumulent : la pandémie a brisé les grandes traditions familiales, la cherté de la vie a obligé de nombreux couples à réduire leurs ambitions, voire à repousser indéfiniment leur mariage. Dans certaines familles, on préfère consacrer le budget à l’achat d’un logement ou à l’éducation des enfants plutôt qu’à une fête devenue hors de prix
« Le mariage a perdu son âme collective », regrette un professionnel. « Avant, c’était l’occasion de rassembler tout le monde. Aujourd’hui, on se contente d’une petite cérémonie, parfois même uniquement d’un passage à l’état civil
À cela s’ajoute la concurrence des fêtes organisées illégalement dans des villas privées, échappant à tout contrôle, et qui fragilisent davantage un secteur déjà en crise
Au-delà des chiffres, c’est un pan entier de la culture marocaine , ses traditions, ses moments de partage et de convivialité ,qui se voit menacé. Là où il y avait de la musique, des sourires et des danses, plane désormais une inquiétude sourde : le mariage marocain, pilier de la vie sociale, survivra-t-il à cette crise