Chouaib Sahnoun
À partir de la rentrée universitaire 2025-2026, le système d’attribution des bourses au Maroc change de visage. Objectif affiché : plus d’équité, plus de transparence… mais aussi plus d’exigence. Exit la gestion locale et les critères flous : l’aide publique sera désormais distribuée selon des règles strictes et centralisées.
Une réforme à double tranchant
Une circulaire conjointe des ministères de l’Intérieur et de l’Éducation nationale impose désormais deux conditions indispensables pour tout candidat : l’inscription au Registre national de la population (RNP) et au Registre social unifié (RSU). Sans ces identifiants, aucun dossier ne sera pris en compte.
La volonté du gouvernement est claire : identifier précisément les bénéficiaires, éliminer les fraudes et s’assurer que les aides parviennent aux étudiants les plus démunis.
Une plateforme unique, une commission nationale
Le portail www.minhaty.ma devient la seule porte d’entrée pour déposer une demande de bourse, entre le 14 juillet et le 30 septembre 2025. Finie donc la gestion décentralisée par province ou préfecture : une commission nationale sera chargée d’étudier les dossiers, en s’appuyant sur des critères uniformisés à l’échelle du pays.
Le gouvernement promet un processus plus rapide, plus simple et mieux suivi, grâce à la numérisation. Moins de paperasse, moins de déplacements, mais aussi moins de marges d’erreur ou de favoritisme, espère-t-on.
Des critères plus stricts, des bénéficiaires mieux ciblés
Les conditions d’éligibilité sont désormais plus resserrées :
Être de nationalité marocaine ;
Avoir obtenu son baccalauréat en 2025 (candidats officiels ou libres) ;
Avoir moins de 26 ans à la date des examens ;
Être inscrit dans un établissement public d’enseignement supérieur ou de formation professionnelle ;
Ne pas exercer d’activité professionnelle ou commerciale ;
Être enregistré au RNP et au RSU ;
Répondre aux critères sociaux déterminés par l’administration.
Des montants inchangés, mais une sélection plus affinée
Le barème reste le même :
6.334 dirhams/an pour une bourse complète,
3.167 dirhams pour une demi-bourse.
Ces aides visent à alléger les charges des familles, en couvrant partiellement les frais de logement, de transport ou de fournitures. Mais le nombre de bénéficiaires pourrait être revu à la baisse, le système misant désormais sur une évaluation plus rigoureuse des revenus et des situations sociales.
Un enjeu majeur d’équité… mais aussi de confiance
Si cette réforme est bien accueillie par certains, qui y voient un pas vers une plus grande justice sociale, d’autres pointent le risque d’exclusion de certains étudiants, notamment dans les zones rurales ou mal connectées, peu familiers avec les démarches numériques ou les registres sociaux.
Entre modernisation et rationalisation, la nouvelle politique des bourses sera donc un test grandeur nature pour l’État marocain : saura-t-il concilier efficacité administrative et justice sociale ?