Santé et Éducation : des biens publics, pas des terrains de chasse privés

3 أكتوبر 2025
Santé et Éducation : des biens publics, pas des terrains de chasse privés

Chouaib Sahnoun
La session parlementaire d’hier soir a viré à un véritable procès de la marchandisation de la santé au Maroc. Alors que les manifestations contre l’état catastrophique des hôpitaux publics se multiplient dans plusieurs villes, le ministre de la Santé, Amine Tahraoui, s’est retrouvé sur la sellette. Mais c’est surtout le rôle du secteur privé, incarné par le groupe Akdital, qui a concentré la colère des députés.
Le président du groupe parlementaire du PPS, Rachid Hamouni, a lancé une charge frontale : « On ne peut pas réduire la crise sanitaire à une simple question de gestion ministérielle. Il faut aller au fond des choses : le système public s’effondre pendant que certaines cliniques privées bâtissent des empires sur le dos des citoyens et des caisses de l’État. »
Hamouni a brandi des chiffres édifiants : en quelques années à peine, Akdital aurait ouvert près de quarante cliniques, y compris dans des régions reculées et même à l’international, tandis que les hôpitaux publics peinent à assurer les soins les plus élémentaires. Selon lui, le chiffre d’affaires des groupes de santé privés cotés en bourse a explosé de 70 % en quelques mois, surpassant même les performances de secteurs clés comme l’automobile ou les banques. « Un seul groupe a encaissé plus de 2 milliards de dirhams en six mois, pendant que des familles entières n’ont pas accès aux médicaments de base », a-t-il dénoncé.
La critique est claire : le succès du privé n’est pas la preuve d’un modèle efficace, mais le symptôme d’une injustice structurelle. Car ces cliniques prospèrent grâce à des subventions publiques, des exonérations fiscales et des partenariats opaques, alors que les hôpitaux publics s’enfoncent dans le sous-financement, le manque de personnel et une gestion clientéliste.
Hamouni a posé la question qui fâche : « Pourquoi ne pas appliquer au secteur public les recettes qui font la fortune du privé ? Pourquoi subventionner la construction de nouvelles cliniques à Casablanca ou Rabat, quand des régions entières sont privées d’hôpitaux dignes de ce nom ? »
Cette intervention dépasse le cas de la santé. Elle pose un débat de fond sur le rôle de l’État : doit-il laisser les secteurs vitaux ,santé et enseignement ,aux mains d’intérêts privés mus par la rentabilité ? Ou doit-il reprendre la main pour garantir à tous les Marocains un accès égalitaire aux droits fondamentaux ?
La réponse tarde, mais l’urgence est là : sans une réaffirmation de la primauté du service public, ce sont les inégalités qui continueront de se creuser, alimentant la colère populaire.

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