.La corruption est partout

4 أكتوبر 2024آخر تحديث :
.La corruption est partout

Chouaib Sahnoun
Le récent rapport de l’OCDE sur l’économie marocaine est particulièrement intéressant, tant par les problématiques soulevées que par les solutions proposées pour remédier à plusieurs dysfonctionnements et faiblesses. Structuré en trois chapitres principaux — éclairages sur les politiques publiques, amélioration de l’investissement et de la productivité des entreprises, et création d’emplois de meilleure qualité — ce rapport s’inscrit dans le cadre du Programme-pays 2, dont le Maroc est l’un des rares bénéficiaires
Ce Programme-pays pour le Maroc 2 vise à soutenir la mise en œuvre du Nouveau Modèle de Développement du pays, s’articulant autour de quatre axes : a) améliorer la gouvernance et lutter contre la corruption ; b) renforcer l’attractivité pour les investisseurs et la compétitivité ; c) promouvoir une société plus inclusive en soutenant l’éducation et l’émancipation économique des femmes ; d) exploiter le potentiel des régions

Il comporte 15 projets répartis dans six directions de l’OCDE
Sans entrer dans les détails, concentrons-nous sur l’un des points majeurs soulevés par l’OCDE : la gouvernance publique, et plus précisément la lutte contre la corruption, à laquelle une part importante du rapport est consacrée
Malgré les efforts du Maroc pour lutter contre la corruption, celle-ci reste perçue à un niveau relativement élevé, selon les normes de l’OCDE et en comparaison avec d’autres pays de la région. En 2023, le Maroc se classait 97e dans l’indice de perception de la corruption. Le score moyen du pays en matière de contrôle de la corruption, mesuré par le « Projet Varieties of Democracy », reste également faible. Les enquêtes révèlent que la pratique des pots-de-vin est largement répandue : 83 % des personnes interrogées estiment que cette pratique est courante, et 61 % la considèrent comme extrêmement fréquente
L’Instance Nationale de la Probité, de la Prévention et de la Lutte contre la Corruption, dans son étude de 2023, indique que 67 % des Marocains perçoivent la corruption comme un phénomène très répandu. Le manque d’accès à l’information sur les affaires de corruption souligne également un besoin urgent de transparence accrue
La corruption affecte tous les secteurs de l’économie, y compris les petites entreprises. Selon une enquête de la Banque Mondiale, 35 % des entreprises marocaines affirment que des pots-de-vin sont souvent nécessaires pour obtenir des autorisations. Des contreparties sont fréquemment requises pour des permis de construire ou des licences d’importation, et environ 50 % des entreprises affirment qu’elles doivent offrir des « cadeaux » pour accéder aux marchés publics. En réponse, une réforme en 2023 a instauré la passation de marchés publics en ligne, un effort visant à réduire la corruption par une plus grande transparence
Malgré la mise en place d’initiatives telles qu’une stratégie anti-corruption, la création de l’Instance Nationale de la Probité, et la numérisation des processus administratifs, les résultats restent limités. Le Maroc n’a pas encore de système efficace pour gérer les conflits d’intérêts des fonctionnaires, et aucune loi n’existe pour encadrer l’enrichissement illicite ou les signes de richesse apparente. En outre, il manque une législation sur le lobbying et sur le « pantouflage » (passage du secteur public au privé)
L’OCDE insiste également sur l’importance d’adopter des lois sur la protection des lanceurs d’alerte, qui contribueraient à renforcer la transparence et à empêcher l’influence démesurée de certains groupes d’intérêt. Des projets de loi en ce sens ont été introduits en 2019, mais leur mise en œuvre se fait attendre
Le phénomène de la corruption est vaste et complexe, ancré profondément dans les structures sociales et politiques. Les réformes légales et disciplinaires ne suffisent pas à elles seules à résoudre ce problème ; une approche culturelle est également nécessaire. Cela inclut l’éducation des citoyens aux valeurs éthiques, ainsi qu’un renforcement de la démocratie à travers des élections transparentes, une justice indépendante et un accès libre à l’information
Ce combat contre la corruption est essentiel pour libérer les initiatives et dynamiser l’économie marocaine. Selon des estimations, une réduction significative de la corruption pourrait augmenter le PIB par habitant de 8,5 % à long terme. Couplée à d’autres réformes comme l’augmentation du taux d’activité des femmes et l’amélioration du capital humain, la richesse par habitant pourrait croître de près de 30 %.Le jeu en vaut la chandelle

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